L'Appel de l’Epoux Divin à la Réconciliation et à l’Unité

Pèlerinage international de prière en Terre Sainte
de
La Vraie vie en Dieu
du 14 au 26 mars
à l'occasion du Grand Jubilé de l'An 2000

Symposium des 19 et 20 mars 2000 à Bethléem

 

Allocution de Mgr Paolo-Maria Hnilica, Evêque de l'Eglise Catholique
(Texte oiginal en italien lu le 19 mars 200)

L'UNIQUE ÉGLISE DU CHRIST

 

Avec vous dans ce rassemblement en Terre Sainte, où l’Église est née lorsque les temps sont accomplis, et lieu vers lequel - dans la perpective eschatologique - l’Église pèlerine se dirige, plus qu'une conférence, je voudrais faire une méditation, ou mieux encore, une prière, une prière pour l’unique Église du Christ que le Fils de Dieu a fondée dans l’histoire, selon les pensées de Son Père depuis l’éternité, une prière faite selon l’exemple des Apôtres réunis autour de Marie, Mère de Dieu, d’un seul coeur et d’une seule âme.

Oui, chers frères, je pense que, au lieu de nous perdre dans des discussions futiles sur la diversité et les compatibilités possibles de tant d’Églises du Christ qui existent aujourd’hui, il est plus utile de parler d’oecuménisme, de s’immerger dans la pensée de la Très Sainte Trinité, demandant avec la simplicité d’un enfant, de pouvoir connaître le projet des Trois Personnes Divines qui nous reste encore voilé ; de savoir quelle est l’Église qu’Elles ont conçue dans leur pensée, dans l’éternité. Etant conscients du fait que nous voulons tous appartenir à cette Église, de la manière proposée par le Père, le Fils et l’Esprit Saint, nous voulons examiner de nouveau notre façon d’agir et faire de sorte que notre foi soit plus parfaite, plus conforme au plan de Dieu.

Déjà dans l’Ancien Testament, au moment où Dieu crée l’homme, Dieu a commencé son projet de bâtir l’Église du Christ, un projet qui se révélera lorsque les temps sont accomplis, précisément dans la plénitude des temps dont nous célébrons cette année le jubilé deuxième millénaire.

En Gn 3,16, nous lisons que, après la chute des premiers parents, Dieu dit au serpent, " Je mettrai une inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité. Elle te visera à la tête, et tu la viseras au talon. "

La femme c’est l’Église, la femme c’est Marie ; et sa postérité est le Christ, qui, uni indissolublement à Son Corps mystique, devient un avec celui-ci : c’est l’Église que nous sommes. En effet, en Is 7,14 , nous lisons : " Voici que la Vierge a conçu, et elle enfante un fils, et elle lui donne le nom d’Emmanuel...". Et en Is 11,1 qui parle du Christ, " Une pousse sortira... " Puis, dans les versets suivants, Isaïe énumère les façons d’agir et les qualités de la pousse qui sortira : " Sur lui reposera l’Esprit du Seigneur... Il jugera les petits avec justice et rendra des arrêts équitables pour les humbles de la terre. "

Tous ces passages sont pour nous dire que la grandeur de Dieu consiste en sa kénose, le dépouillement volontaire de Lui-même dont parle st. Paul en Ph 2,5-8 : " Ayez entre vous les sentiments mêmes qui étaient ceux du Christ Jésus... Bien qu’il fût de condition divine, (...), il s’est dépouillé en prenant la condition d’esclave.., (...), il s’est abaissé...". La grandeur de Dieu consiste en ce qu’Il s’abaisse pour être né d’une femme, comme c’est le cas de tout être humain. Et en devenant semblable à nous, Il fait devenir grande Marie, la fille de l’humanité que le Père a préparée et comblée de tous les dons depuis l’existence du temps, afin que Marie, en devenant la Mère de Dieu, réalise le plan de Dieu au sein d’une nouvelle famille qu’est l’Église, en collaborant intimement avec Lui.

Le prophète Isaïe nous décrit en ch.11,6-9 comment les rapports entre les hommes et les êtres vivants changeront, sitôt la sagesse du Seigneur remplit le pays comme l’eau qui remplit la mer : " le loup habitera avec l’agneau.., (...). La vache et l’ourse paîtront ensemble.. (...). Le nourrisson jouera sur le trou de la vipère. On ne verra pas de mal ni de corruption sur toute la montagne sainte..."

Parallèlement, on trouve les prophéties poétiques dans le livre du prophète Osée, d’Isaïe et dans livres du Pentateuque, pour n’en citer que quelques-uns de l’Ancien Testament, qui parlent de Dieu de Jésus Christ, comment d’un amour passionné et jaloux d’un époux Il va préparer son peuple à accueillir Son Fils unique, qui sera né d’une vierge lorsque les temps sont accomplis ; le Fils de Dieu fait homme qui marche avec son peuple main dans la main, concluant avec lui des alliances toujours plus étroites et bouleversantes.

Rappelons que Dieu dit à Noé en Gn 9,8-16 : " Et moi, j’établis mon alliance avec vous et avec vos descendants... (...). L’arc sera dans la nue et, en le voyant, je me souviendrai de l’alliance éternelle entre Dieu et tous les êtres vivants (...) sur la terre. " Ainsi, il nous est révélé un Dieu qui depuis toujours a pensé à l’Église comme à Sa famille, à laquelle Il fait le don total de Lui-même, et avec laquelle Il est désireux de partager la Vie d’amour de la Sainte Trinité.

Puis, à Abraham, Son amis et notre père dans la foi, Dieu dit en Gn 15,1-21 : "Ne crains pas, Abram, Je suis ton bouclier, ta récompense sera très grande... (...), celui qui sortira de tes entrailles sera ton héritier. Et, en l’ayant conduit dehors, il dit : ‘Lève ton regard vers le ciel et compte les étoiles, si tu peux les compter.’ Et il lui dit : ‘Telle sera ta postérité.’  (...). Je suis le Seigneur, qui t’ai fait sortir d’Our des Chaldéens, pour te donner ce pays en héritage.’ (...). Ce jour-là, le Seigneur fit alliance avec Abram, en disant : ‘Je donne à ta postérité ce pays.’ ". Plus, encore, en Gn 17,1-9, "Je suis le Dieu tout-puissant, marche devant moi et sois parfait : je mettrai mon alliance entre moi et toi, et je multiplierai à l’infini... Je te ferai père d’une foule de nations, et des rois sortiront de toi et ta descendance après toi, de génération en génération, alliance perpétuelle, pour être ton Dieu et le Dieu de ta descendance après toi. " 

Dans le livre du Deutéronome 5, 9-14 le Seigneur, par la bouche de Moïse, parle à son peuple et dit ceci : "Ecoute Israël, les lois et les ordonnances que je vous fais entendre aujourd’hui ; vous les apprendrez et veillerez à les appliquer. Le Seigneur, notre Dieu, a conclu avec nous une alliance en Horeb. (...). Le Seigneur vous parla face à face sur la montagne, dans le feu. Moi, je me tenais alors entre le Seigneur et vous, pour vous rapporter sa parole ; car vous aviez peur du feu, et vous n’êtes pas montés sur la montagne...". Nous venons d’apprendre que le Seigneur s’adresse directement à Moïse sur le mont de Sinaï et lui dit, en Ex 34,1-11 : " Taille deux tables de pierre comme les premiers, et j’écrirai sur les tables les paroles qui étaient sur les premières tables que tu as . (...). Le Seigneur descendit dans la nuée, tandis que Moïse se tenait là avec lui et invoquait le nom du Seigneur. Le Seigneur passa devant lui et proclama : ‘le Seigneur, le Seigneur, Dieu miséricordieux et compatissant, lent à la colère débordant de bonté et de fidélité, qui se montre bon pour des milliers, qui pardonne la faute, transgression et le péché ; mail il ne les laisse pas impunis, visitant l’iniquité des pères sur les enfants et sur les enfants des enfants jusqu’à la troisième génération et à la quatrième génération... (...) Voici que je conclus une alliance : en présence de tout ton peuple, je ferai des prodiges qui ne se sont produits dans aucun pays et chez aucune nation ; et tout le peuple qui t’environne verra l’oeuvre du Seigneur, car terribles sont les choses que j’accomplis avec toi. Prends garde à ce que je te commande aujourd’hui. "

En Isaïe 5,1-17, d’un coeur affligé, le Seigneur nous rappelle la vigne qu’Il a implantée : " Mon bien-aimé avait une vigne sur un coteau fertile. Il la défonça, il l’épierra, il y planta du raisin vermeil. Il y bâtit une tour, et il y creusa aussi un pressoir. Il attendait qu’elle donnât des de beaux raisins, mais elle donna des raisins sauvages. (...). Que faire d’autre à ma vigne, que je n’aie pas fait pour elle ? (...). Car la vigne du Seigneur des armées, c’est la maison d’Israël, et les hommes de Juda sont la plantation qu’il chérissait. "

Enfin, citons le prophète Osée 2,4-22 et son amour pour son épouse infidèle qui représente ici le peuple de Dieu tourné vers les idoles : " Plaidez contre votre mère, plaidez ! Car elle n’est plus ma femme, pas plus que moi je ne suis son mari !.. (...). Voici que moi, la séduisant, je la conduirai au désert, je lui parlerai coeur à coeur. (...). En ce jour-là, oracle du Seigneur, tu m’appelleras ‘Mon mari’, et tu ne m’appelleras plus ‘Mon Baal’ (= mon patron). (...). Je conclurai pour elle une alliance en ce jour... Je te fiancerai à moi pour toujours dans la justice et le droit, dans l’amour et la miséricorde ; je te fiancerai à moi dans la fidélité et tu connaîtras le Seigneur."

Après ces belles prophéties, nous arrivons maintenant au Nouveau Testament qui nous témoigne de la merveille des merveilles, à savoir, l’Incarnation du Christ, par laquelle une alliance indissoluble entre Dieu et l’humanité est scellée.

Dans l’Apocalypse 21,2-4, nous avons la description de la Jérusalem céleste où toutes les promesses deviennent pleinement réalités : "Et je vis la cité sainte, la Jérusalem nouvelle, descendre du ciel, d’auprès de Dieu, apprêtée comme une épouse parée pour on époux.. Il demeurera parmi eux et ils seront son peuple ; Dieu lui-même sera parmi eux. Il essuiera tout larme de leurs yeux.., car ce qui était auparavant a pris fin. " 

Puis, dans les lettres de St. Paul aux Ephésiens et aux Colossiens, nous trouvons des quantités de passages pour comprendre ce que je viens de dire, quelles sont les caractéristiques de cette unique famille de Dieu qu’est l’Église et comment elles doivent être.

En Eph 1,3-23, nous lisons ceci : "Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a béni par toutes sortes de bénédictins spirituelles, aux cieux, dans le Christ. C’est ainsi qu’il nous a élus e lui, dès avant la fondation du monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans l’amour, déterminant d’avance que nous serions pour Lui des fils adoptifs par Jésus Christ Tel fut le bon plaisir de sa volonté... (...). Il nous a fait connaître le mystère de sa volonté, ce dessein bienveillant qu’il avait formé en lui par avance, pour le réaliser quand les temps seraient accomplis : ramener toutes choses sous un seul Chef, le Christ, les êtres célestes comme les terrestres. C’est en lui (...) que nous avons été marqués d’un sceau par l’Esprit de la Promesse qui constitue les arrhes de notre héritage. (...). Puisse-t-il illuminer les yeux de votre coeur pour vous faire voir quelle espérance vous ouvre son appel. (...). Il a tout mis sous ses pieds, et l’a constitué, au somment de tout, Tête pour l’Église, laquelle est son Corps, la Plénitude de Celui qui est rempli, tout en tout. "

Et ceci en Col 1,9-29 : " C’est pourquoi nous aussi, depuis le jour où nous avons reçu ces nouvelles, nous ne cessons de prier pour vous et de demander à Dieu qu’Il vous fasse parvenir à la pleine connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle. Vous pourrez ainsi mener une vie digne du Seigneur et qui Lui plaise en tout : vous produirez toutes sortes de bonnes oeuvres et grandirez dans la connaissance de Dieu ; animés d’une puissante énergie par la vigueur de sa gloire, vous acquerrez une parfaite constance et endurance avec joie vous remercierez le Père qui vous a mis en mesure de partager le sort des saints dans la lumière. Il nous a en effet arrachés à l’empire des ténèbres et nous a transférés dans le Royaume de son Fils bien-aimé, en qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés. Il est l’image du Dieu invisible, Premier-né de toute créature, car c’est en lui qu’ont été créés toutes choses, dans les cieux et sur la terre, les choses visibles et invisibles, (...), tout a été créé par lui et pour lui. (...). Et il est aussi la Tête du Corps, c’est-à-dire de l’Église. (...). Car Dieu s’est plu à faire habiter en lui toute la Plénitude et par lui à réconcilier tous les êtres pour lui, aussi bien sur la terre que dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix. (...) En ce moment je trouve ma joie dans les souffrances que j’endure pour vous, et je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps, qui est l’Église. Car je suis devenu ministre de l’Église, en vertu de la charge que Dieu m’a confiée, de réaliser chez vous l’avènement de la Parole de Dieu, ce mystère resté caché depuis les siècles et les générations et qui maintenant vient d’être manifesté à ses saints. (...). Ce Christ, nous l’annonçons, avertissant tout homme et instruisant tout homme en toute sagesse, afin de rendre tout homme parfait dans le Christ.", mais dans le Christ, rappelons-nous, un et uni, non pas dans le Christ divisé !

En 1Cor 12,4-14, il est écrit : " Il y a, certes, diversité de dons spirituels, mais c’est le même Esprit ; diversité de ministères, mais c’est le même Esprit ; diversité d’opérations, mais c’est le même Dieu qui opère tout en tous. A chacun la manifestation de l’Esprit est donnée en vue du bien commun. (...). Mais tout cela, c’est unique et même Esprit qui l’opère, distribuant ses dons à chacun en particulier comme il l’entend. De même, en effet, que le corps est un, tout en ayant plusieurs membres, et que tous les membres du corps, en dépit de leur pluralité, ne forment qu’un seul corps, ainsi en est-il du Christ. Aussi bien est-ce en seul Esprit que nous tous avons été baptisés en un seul corps, Juifs ou Grecs, esclaves ou hommes libres, et tous nous avons été abreuvés d’un seul Esprit. Aussi bien le corps n’est-il pas un seul membre, mais plusieurs. "

Cela donne à réfléchir. Si l’Église est le Corps du Christ, et si le corps est fait de tant de membres, alors, chacun de nous est appelé à collaborer activement dans l’Église comme membre vivant du Son Corps.

Peut-être c’est ce propos qui est le thème de l’oecuménisme. Nous devrions nous rendre compte qu’il y a tant de possibilités d’exprimer la même foi, mais il faut nous rappeler qu’il y a un seul et le même Esprit Saint, un seul et le même Corps du Christ.

Demandons-nous : aux plus que quatre milliards d’hommes qui ne connaissent pas le Christ et qui ne savent rien de l’Evangile, est-ce que nous nous ne pourrions leur donner le meilleur témoignage en réalisant l’unité entre nous ?

* * * * * * * *

Après avoir parlé de l’Église, telle que la Parole de Dieu nous la révèle, successivement dans l’Ancien Testament et le Nouveau Testament, maintenant, je vais aborder le thème de la primauté de Pierre dans l’unique Église du Christ et le dialogue oecuménique, à l’aide du discours de Sa Sainteté Jean-Paul II qu’il a prononcé le 22 février, en la fête de la Chaire de St. Pierre.

Lorsque le Christ a donné sa vie pour son Église, Il l’a voulu doter d’une structure hiérarchique visible ayant Pierre comme fondement, Pierre qui a été institué par le Christ comme le chef des Apôtres, en communion avec eux ou le collège apostolique pour paître les troupeaux qui lui sont confiés.

Le Christ a voulu modeler son Église selon un commandement nouveau qui consiste en service réciproque et dont Il a donné l’exemple concret le soir du Jeudi saint : (Jn 13,12-15) " Quand donc il leur eut lavé les pieds, qu’il eut repris ses vêtements et se fut remis à table, il leur dit, : ‘Comprenez-vous ce que je viens de vous faire ? Vous m’appelez ‘le Maître’ et ‘le Seigneur’, et vous dites juste : je le suis en effet. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous devez, vous aussi, vous lavez les pieds les uns aux autres, car c’est un exemple que je vous ai donné, pour qu’à votre tour vous fassiez comme je vous ai fait. ". En agissant de la sorte, le Christ donne un type d’autorité nouveau dont le pouvoir s’exerce par le service, tel que St. Luc nous rappelle dans son évangile, (Lc 22,24-26), le plus grand doit devenir le serviteur de tous : " Il surgit même une dispute entre eux : ‘Qui parmi eux, passait pour être le plus grand ?’ Il leur dit, ‘ Les rois, dans les nations, leur commandent en maîtres, et ceux qui exercent sur elles le pouvoir sont appelés bienfaiteurs. Pour vous, il n’en sera pas ainsi ; mais que le plus grand parmi vous devienne comme le plus petit, et celui qui est chef comme celui qui est serviteur. "

En d’autres termes, en dehors du cadre que forment les deux critères suivants : l’autorité pour servir et l’amour pour le prochain capable de tout sacrifice, aucun apôtre ne pourra rendre visible l’Église Christ.

Enfin, le Christ a voulu identifier la vie et le ministère des pasteurs de son Église avec des signes spécifiques que le monde reconnaît facilement, des signes exprimés dans tant d’enseignements et les désirs de Jésus, notre Seigneur, que j’aimerais vous proposer de les ré-entendre à travers mes pauvres paroles, chacun selon la vocation qu’il a reçue :

· à la manière dont vous vous aimez, ils reconnaîtront que vous êtes miens !
· apprenez de moi qui suis doux et humble de coeur !
· soyez parfaits comme votre Père au Ciel est parfait, Lui qui fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons !
· soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux !
· soyez attentifs à ce que vous ayez un seul coeur et une seule âme, afin que le monde croie !
· que la charte votre constitution soit les Béatitudes !
· aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés !
· manifestez l’amour trinitaire qui présent et agissant dans mon Église, en vous souvenant que je vous ai aimés comme le Père m’a aimé !
· aimez et donnez la vie pour vos amis !
· évitez d’écouter seulement ce qui plaît à vos oreilles et corrigez les frères, comme il est écrit en Tt 1,13-14 : " Ce témoignage répond à la vérité. Aussi, reprends-les vertement afin qu’ils aient une foi saine, au lieu de s’attacher à des fables juives et aux préceptes de gens qui tournent le dos à la vérité. "
· rappelez-vous la prière, selon l’enseignement de St. Paul, quand il dit aux Ephésiens 3,14-16 : "C’est pourquoi je fléchis les genoux en présence du Père de qui toute paternité, au ciel et sur la terre, tire son nom. Qu’Il daigne, selon la richesse de sa gloire, vous armer de puissance par son Esprit pour que se fortifie en vous l’homme intérieur. " 

Mes frères, c’est important de dire ouvertement la vérité à nous-mêmes en un jour comme aujourd’hui, pour que personne ne comprenne mal notre façon de penser, afin que nous ne nous alignions pas à ceux qui combattent la vérité du Christ.

C’est à Césarée de Philippe que nous entrons au point culminant de la révélation de l’Église, telle que Dieu l’a conçue et telle que le Christ a voulu fonder, selon les données substantielles que nous donnent le Nouveau Testament. Quoiqu’elles soient exprimées différemment, elles doivent converger et s’harmoniser en ceux qui disent qu’ils appartiennent à la seule Église du Christ dont le chef est Pierre, lui qui, dans son amour fraternel, est poussé à donner sa vie aux autres, en faisant ainsi de sa vie un exemple pour les autres.

De l’épisode de la profession de St. Pierre (Mt 16,13-19), lors de laquelle le Christ fonde son Église sur lui, on peut dégager une participation de toutes les trois Personnes de la Très Sainte Trinité.

En effet, le même St. Pierre, que Jésus a choisi comme chef de l’Église et qu’il l’avait appelé lorsqu’il l’avait rencontré pour la première fois (cf. Jn1,41-42), est choisi par l’Esprit Saint : " Béni es tu, Simon fils de Jonas, car cette révélation t’est venue, non de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux. "

C’est pourquoi à peine le Christ reconnaît l’élection de St. Pierre comme voulue par l’Esprit-Saint, il va souligner et exposer le projet de son Église, en lui assurant que son Père le soutiendra : " Et moi je te dis : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’Enfer ne tiendront pas contre elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux : quoi que tu lis sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour lié, et quoi que tu délies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour délié. "

A ce sujet, le Pape dit : " La Parole de Dieu attire notre attention sur ce que le Christ a dit à Pierre et de Pierre. Le ministerium petrinum, c’est-à-dire le service propre à l’Evêque de Rome, avec lequel chacun de vous est appelé à collaborer dans son domaine, nous unit en seule famille.... L’Église se fonde sur cette profession de foi de Pierre, ‘Tu es le Christ’, et sur la déclaration de Jésus qui suit, ‘Tu es Pierre’. C’est un fondement invincible que les puissances du mal ne peuvent abattre. L’Église lui est confiée ; c’est la volonté du Père qui est au Ciel.

La fête de la Chaire de Pierre que nous célébrons aujourd’hui ne s’appuie pas sur les sécurités humaines, sur la chair et le sang, mais sur le Christ qui en est la pierre angulaire.

Choisi par le Christ, Pierre apprendra petit à petit que le service pour lequel il a été élu, lui dit :

· de se méfier de ses forces humaines. En effet, Pierre dit (Mt 26,33) : " Si tous succombent à cause de toi, moi je ne succomberai jamais " Jésus lui répond : " En vérité, je te dis, cette nuit même, avant que le coq chante, tu m’auras renié trois fois." ; (Mc 14,37ss) : " Puis, il revient et les trouve endormis, et il dit à Pierre : ‘Simon, tu dors ? Tu n’as pas eu la force de veiller une heure ? Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation : l’esprit est ardent, mais la chair est faible.’ " ; (Lc 22,61-62) : " Et à l’instant, alors qu’il parlait encore, le coq chanta, et le Seigneur, se retournant, fixa son regard sur Pierre. Et Pierre se ressouvint de la parole du Seigneur qui lui avait dit ‘Avant que le coq ait chanté aujourd’hui, tu m’auras renié trois fois.’ Et, sortant dehors, il pleura amèrement."
· de croire que c’est Dieu lui-même qui conduit l’Église en se servant de lui : " Voici que j’aurai soin moi-même de mon troupeau et je m’en occuperai. C’est moi qui ferai paître mes brebis et c’est moi qui les ferai reposer... " (Ez 34,11-15)
(...). · que l’Église ne succombera pas, uniquement parce que le Christ a prié et prie pour cela : " C’est eux que je prie. Ce n’est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m’as donnés, car ils sont tiens. (...) Père saint, garde-les dans ton nom que tu m’as donné, afin qu’ils soient un comme nous. Ce n’est pas seulement pour eux que je prie, mais aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi, (...) afin que tous soient un, comme toi.. "(Jn17,1ss)
· qu’Il lui demande seulement de confirmer la foi des frères et d’être pleinement disponible pour aimer :  " Simon, Simon, voici que Satan t’a réclamé pour te cribler comme le froment ; mais moi j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères. "22,31-34) " Quand ils avaient mangé, Jésus dit à Simon, ‘Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? (Lc  sais que je t’aime.’ Jésus lui dit : ‘pais mes brebis.’" (Jn 21,15-18) (...), et il lui dit : ‘Seigneur, tu sais tout : tu

Le Pape continue : " La première lecture tirée de l’oracle bien connu du prophète Ezéchiel sur les pasteurs d’Israël évoque avec force le caractère pastoral du ministère pétrin. C’est le caractère qui reflète le mieux la nature et le service de la Curie romaine dont la mission est justement de collaborer avec le successeur de Pierre, pour paître les troupeaux du Christ que celui-ci lui a confiés.

‘Moi-même’, ce sont les paroles les plus importantes. Elles montrent effectivement la détermination avec laquelle Dieu entend prendre l’initiative Lui-même de s’occuper personnellement de Son peuple. Nous savons que la promesse basée sur le mot ‘Moi-même’ s’est réalisée. Elle s’est réalisé dans l’accomplissement des temps, au moment où Dieu a envoyé Son fils, le Bon Pasteur, à paître les troupeaux ‘avec la puissance du Seigneur, avec la majesté du Nom du Seigneur’ (cf. Mi 5,3) Il a envoyé Son Fils à rassembler les fils de Dieu dispersés, celui-ci s’offrant lui-même comme un doux agneau, victime d’expiation sur l’autel de la croix. Voici le modèle du Pasteur que Pierre et les autres Apôtres ont dû apprendre et imiter avec Jésus, en partageant ministère messianique.

Voici la promesse du Christ, notre constante certitude : le ministère pétrin ne se fonde pas sur les capacités et les forces humaines, mais sur la prière du Christ qui implore le Père, pour que la foi de Pierre ne défaille pas. ‘Repenti’, Pierre pourra accomplir son service au milieu des frères. Le repentir de l’Apôtre, nous pouvons presque dire une seconde conversion, constitue le passage décisif de son itinéraire dans sa réponse à l’appel du Seigneur.

L’expérience de Pierre, la découverte de sa propre faiblesse humaine, peut nous servir d’exemple et nous aider. Malgré son péché et ses limites, le Christ l’a choisi et l’appelle pour une mission extrêmement grande, celle d’être le fondement de l’unité visible de l’Église et de confirmer ses frères dans la foi.

Enfin, Pierre qui attend l’onction du Saint-Esprit, avant la Pentecôte, au cénacle avec Marie et d’autres disciples, unanimes et assidus dans la prière, nous dit que l’Église voulue par Jésus trouve son prototype dans cette assemblée-là.

Le Pape dit encore à la fin de son discours, " Vierge Sainte qui a accompagné les premiers pas de l’Église naissante par la prière, veille sur notre chemin. Donne-nous d’expérimenter, comme Pierre, le continuel soutien du Christ. Aide-nous à vivre notre appel au service de l’Evangile dans la fidélité et dans al joie, en attente du retour glorieux du Seigneur, le Christ Jésus qui est le même hier, aujourd’hui et pour toujours."

Il est temps de conclure. Et j’aimerai ajouter quelques points de réflexion pour savoir si dans notre vie pratique ecclésiale nous sommes plus ou Mons proche de ce modèle d’Église avec Pierre en tête qui sert et paît le troupeau du Seigneur, l’Église que Dieu le Père a conçue depuis l’éternité, et que Son Fils a réalisé dans le temps et dans l’histoire, et que l’Esprit conduit vers son accomplissement, c’est-à-dire, lorsque le Christ sera tout en tous et remettra au Père tous qui Lui sont confiés.

· Le Père désire rassembler tous les troupeaux dans l’unique bercail de Jésus, Son Fils, qui est le grand Pasteur des brebis. Mais combien de fois, dans le bercail du Christ, nous perdons du temps pour disputer, pour savoir qui est le plus grand parmi nous.

· Jésus prie le Père, afin que nous tous soyons un, comme Lui et le Père sont un. Mais souvent, nous louons nous-mêmes et nous remercions Dieu parce que nous appartenons à une religion qui nous procure le salut ; nous nous sentons justes, bien que nous sachions que seule la façon du publicain de s’approcher de Dieu lui permet d’aller à la maison du Père et le libère de tous ses péchés.

· Les convictions de nos frères, les arguments qui donne leur raison, trop souvent, nous laissent indifférents et ne nous interpellent guère Nous n’en doutons même pas ! Pourtant, le doute est si bienfaisant quand il n’a rien à voir avec la foi ou la doctrine.

· Comment pouvons-nous penser que le Père puisse nous faire don de l’unité, alors que, souvent, trop souvent, nous préférons d’avoir ou de choisir notre propre territoire apostolique à l’intérieur de nos Églises parce que chacun de nous veut y faire son travail d’évangélisation et d’amour ? En parlant du particularisme dans sa première lettre aux Corinthiens (1,11-13) : " Il m’a été rapporté à votre sujet, mes frères, par les gens de Chloé, qu’il y a des discordes parmi vous. Voici ce que je veux dire : Chacun de vous dit : ‘ Moi, je suis pour Paul ! - Moi, pour Apollos ! - Moi, pour Céphas ! - Moi, pour le Christ !’ Est-ce que le Christ est partagé ?.. ", Il ne se réfère pas certainement pas à la diversité sur laquelle l’Esprit Saint travaille.

· A partir du moment où nous considérons notre foi comme un patrimoine qui appartient exclusivement à nous seuls, et que nous ne voulons pas que les autres en jouissent pour le bien des frères, selon l’allusion faite par St. Luc (9,49-50) : " Jean prit la parole : ‘Maître, nous avons vu quelqu’un qui chassait les démons par ton nom, et nous avons voulu l’en empêcher, parce qu’il te suit pas avec nous’. Jésus lui dit, ‘N’empêchez pas, car qui n’est pas contre nous est pour nous.’ ", nous transformerons peut-être le service de l’Evangile en un pouvoir, en un arbitre juridique qui entrave l’unité entre les chrétiens, au lieu de la favoriser.

Maintenant, j’aimerais terminer en vous demandant de prier le Père avec moi, pour Lui demander le don de l’unité avec les paroles de Son Fils, d’après l’Evangile de St. Jean, étant sûrs qu’Il est présent parmi nous lorsque deux ou trois sont réunis en Son Nom.

" Je vous ai aimés comme le Père m’a aimé ", cela veut dire que l’unique Église du Christ durera aussi longtemps que dure cet amour trinitaire. Prions, afin que le Père nous donne vraiment de réaliser Son Église selon Ses desseins à Lui, non pas nos desseins à nous !

Mais avant de commencer, je voudrais souligner deux choses importantes que nous allons lire. Si le monde ne croit pas encore, c’est parce que nous n’avons pas assez fait pour parvenir à l’unité. A ce propos, Jésus dit : "  Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’ils soient un en nous, afin que le monde croie. "

Notre unité pas encore réalisée influence la foi de ceux qui ne croient pas encore ou qui ne croient plus. Parce que l’unité manque entre nous, cela les empêche de connaître l’amour de Dieu et de se sentir personnellement aimés de Dieu. Nous devons vraiment nous interroger sur ces paroles de Jésus : " qu’ils soient parfaits dans l’unité, que le sache que tu m’as envoyé et tu les as aimés comme tu m’as aimés... "

Et maintenant, avec les paroles de St. Paul aux Romains (Rm 15,5-7) : " Que le Dieu de patience et de consolation vous donne d’avoir les uns pour les autres les mêmes sentiments, d’après le Christ Jésus : ainsi pourrez-vous, d’un même coeur et d’une même voix, glorifier le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ. C’est pourquoi accueillez-vous les uns les autres comme aussi le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu. " Recueillons-nous pour la prière :

" Père, l’heure est venue : glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie, puisqu’aussi bien tu lui as donné pouvoir sur toute créature pour qu’il donne la vie éternelle à la totalité de ce dont tu lui as fait don. Or, la vie éternelle, c’est de te connaître, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ. Moi, je t’ai glorifié sur la terre, en menant à bonne fin l’oeuvre que tu m’avais donné à faire.

Maintenant, ô Père, à toi de me glorifier auprès de toi, en me donnant cette gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde ne fût. Je t’ai fait connaître à ceux des hommes que tu as pris du monde pour me les donner. Il étaient tiens, tu me les a donnés, et ils ont mis ta doctrine en pratique. Ils savent maintenant que tout ce que tu m’as donné vient de toi, car les paroles que tu m’as dites, je les leur ai dites, et ils les ont accueillies, et ils ont reconnu en toute vérité que je suis venu d’auprès de toi, et ils ont cru que tu es celui qui m’a envoyé.

C’est pour eux que je prie. Ce n’est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m’as donné, car ils sont tiens. Aussi bien, tout ce qui est à moi est à toi, et tout ce qui est à toi est à moi, et je me trouve glorifié en eux. Père Saint, garde-les dans ton nom que tu m’as donné, afin qu’ils soient un comme nous.

Quand j’étais avec eux, c’est moi qui les gardais dans ton nom que tu m’as donné ; et j’ai veillé, et aucun d’eux ne s’est perdu en dehors du fils de perdition, afin que l’Écriture fût accomplie. Maintenant je vais vers toi, et je dis cela pendant que je suis dans le monde, afin qu’ils aient en eux-mêmes, dans sa plénitude, la joie qui est la mienne. Je leur ai donné ta parole, et le monde les a pris en haine, parce qu’il ne sont pas du monde, de même que moi je ne suis pas du monde.

Je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les préserves du Malin. Ils ne sont pas du monde. Consacre-les dans la vérité : ta parole est vérité. Comme tu m’as envoyé dans le monde, à mon tour, je les ai envoyés dans le monde, et c’est pour eux que je me consacre, afin qu’ils soient, eux aussi, vraiment consacrés. Ce n’est pas seulement pour eux que je prie, mais aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi, afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, afin qu’eux aussi soient en nous, pour que le monde croie que c’est toi qui n’as envoyé. Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donné, afin qu’ils soient un comme nous sommes un.

Moi en eux et toi en moi, afin que leur unité soit parfaite, pour que le monde reconnaisse que c’est toi qui m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je serai, ils y soient aussi avec moi, afin qu’ils puissent voir ma gloire, cette gloire dont tu m’as fait don, parce que m’as aimé avant la création du monde. Père juste, alors que le monde ne t’a pas connu, moi, je t’ai connu, et ceux-ci ont connu que c’est toi qui m’as envoyé. Je t’ai fait connaître à eux, et je te ferai connaître encore, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi aussi en eux. "

Mgr Paolo-Maria Hnilica, Evêque de l'Eglise Catholique
(Texte oiginal en français)

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Mise en page : 00-04-25 15:02
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