L'Appel de l’Epoux Divin à la Réconciliation et à l’Unité

Pèlerinage international de prière en Terre Sainte
de
La Vraie vie en Dieu
du 14 au 26 mars
à l'occasion du Grand Jubilé de l'An 2000

Symposium des 19 et 20 mars 2000 à Bethléem

 

Allocution du Révérend Sverker Tronêt, de l'Eglise Luthérienne de Suède
prononcée en anglais le 19 mars 2000

L'Eglise de Suède

 

L'histoire que je voudrais vous raconter ici aujourd'hui est beaucoup déterminée par la situation de l'Eglise de Suède dont je suis prêtre. Aussi, je dois commencer (comme je l'avais fait lorsque j'ai eu l'honneur de parler ici), en disant un peu ce qu'est être protestant ou luthérien. L'Eglise de Suède, dans son ensemble, fut séparée de l'Eglise de Rome et du Pape durant la réforme au XVIème siècle. Ce fut le roi qui voulait être le seul maître de son pays et il ne voulait pas d'interférence de l'étranger, c'est-à-dire du Pape. Les enseignements de Martin Luther convenaient très bien au roi. D'Allemagne, berceau de la réforme, fut importé le principal des confessions réformées – la confession d'Augsbourg – qui était une critique des abus de l'Eglise post-médiévale mais était par ailleurs très traditionnelle, sans aucune intention d'enseigner quoique ce soit de nouveau, mais d'être seulement un témoin de la foi de l'Eglise, une, sainte, catholique (également romaine) et apostolique. Il y eut certainement de grands changements dans l'Eglise en Suède et pour les fidèles de l'époque de la réforme, mais il y eut aussi une certaine continuité. Certains évêques et prêtres quittèrent le pays, mais certains restèrent et sauvèrent ce qui pouvait être sauvé. Après le bouleversement de la réforme, il n'y eut plus qu'une seule Eglise en Suède. Il y avait encore des évêques et des prêtres mais à partir de ce moment-là, ils pouvaient être mariés. La Messe continua à être célébrée mais c'était en suédois au lieu du latin, et les fidèles pouvaient désormais communier au calice. Marie et les saints disparurent bientôt. Ce fut également le cas des monastères, parfois avec violence. Durant trois cents ans, il n'y eut aucune alternative, être Suédois signifiait être luthérien. Aujourd'hui, en dépit d'une sécularisation radicale, la plupart des Suédois appartiennent à l'Eglise qui n'est plus gouvernée par le roi mais par des politiciens élus démocratiquement, et leurs partis. Je n'aime pas me désigner moi-même comme protestant ou luthérien mais j'appartiens à l'Eglise de Suède. Je ne pense pas que la réforme en Suède, du point de vue religieux, ait été justifiée ou était nécessaire pour le bien de l'Eglise, mais j'y vois quelques bonnes choses en dépit des nombreuses choses indiscutablement mauvaises. La Bible lue à lumière de l'ancienne tradition et de la confession d'Augsbourg restait la première et l'ultime autorité pour la foi. C'est ce qui a préservé l'Eglise en Suède en temps qu'Eglise chrétienne assez orthodoxe, en dépit de sa séparation de Rome. Mais vous pouvez imaginer ce qui arrive aujourd'hui lorsque la Bible, du moins en pratique, n'est plus une autorité, et si l'on en tient compte, elle est interprétée selon les opinions du jour. Dans l'exemple de l'Eglise de Suède, vous pouvez voir à la fois positivement et négativement, la nécessité vitale de l'unité de l'Eglise à la fois dans l'espace et dans le temps, et d'être en communion avec toutes les autres églises locales du monde dans l'unité des évêques avec l'évêque de Rome, mais également en étant en communion avec les saints de tous les temps, ce qui signifie un souvenir actif de la tradition. Lorsqu'à la fois, une Eglise a perdu sa mémoire et se trouve coupée de l'Eglise universelle, elle est exposée à la pression du monde et de l'opinion séculière moderne sans la défense reçue de Dieu ni le correctif de la tradition ni la communion mondiale autour du Pape.

A partir de cette année et du nouveau millénaire, l'Eglise de Suède n'est plus une Eglise d'état mais une Eglise libre. Cela devrait naturellement être vu comme une bonne chose. Au début du XXème siècle, le parti social démocrate qui avait été au pouvoir la plupart du temps durant tout le siècle, avait à son programme l'abolition de l'Eglise d'état. Mais bientôt, ils réalisèrent quelles possibilités il y avait en ayant l'Eglise étroitement liée à l'état. Aussi, l'abolition de l'Eglise d'état fut ajournée à une date ultérieure lorsque le parti aurait eu le temps de conformer l'Eglise à l'idéologie sociale démocrate. Cette besogne fut achevée vers la fin du XXème siècle. Comme part d'héritage pour l'Eglise libre, il y a une loi d'état qui concernera tous les changements que le parti à réussi à opérer dans l'Eglise.

J'ai été engagé dans l'oecuménisme de la réunion constituée et visible de l'Eglise de Suède et de l'Eglise Catholique Romaine et il a certainement eu tous les succès possibles mais en même temps, tandis que les anciennes questions litigieuses ont trouvé une réponse et une solution, de nouvelles frontières de division se sont formées et, comparés à ces nouveaux sujets de division, les anciens semblent maintenant réellement de très faible importance. Les nouveaux problèmes avec l'Eglise de Suède sont de savoir si elle croit réellement à une Révélation auquel cas, celle-ci est-elle contraignante et liante. Toute autorité formelle a été enlevée aux évêques de l'Eglise de Suède et tout le pouvoir sur l'Eglise se trouve entre les mains du synode élu politiquement, lequel a autorité pour décider même des questions de foi, et les évêques n'ont même pas le droit de vote. La libre Eglise de Suède dans sa constitution est démocratique et elle l'est par une loi accordée par l'état. Actuellement, il y a deux femmes évêques. La seule chose qui ne doit faire aucun doute concernant un candidat à la prêtrise est de savoir s'il est réellement pour les femmes prêtres. S'il subsiste le moindre doute, il devra établir la preuve qu'il a reçu l'Eucharistie dans une Messe célébrée par une femme. Actuellement, je ne pense plus qu'une réunion soit proche ou possible ni même désirable. Je pense qu'une réunion ne serait pas bonne pour l'Eglise Catholique, aussi, je suis forcé – et avec moi beaucoup d'autres personnes – à trois options : 1°) une conversion individuelle à l'Eglise Catholique Romaine ou à une Eglise Orthodoxe ; ou 2°) continuer ce qui se passe maintenant avec un tas de gens de différents camps et traditions orthodoxes qui essaient de former une nouvelle province suédoise avec nos propres évêques et comme je le souhaite, une rapide réunion corporelle avec Rome ; ou 3°) rester là où nous sommes et se rassembler plus ou moins en secret.

Sur cette toile de fond, je voudrais maintenant dire quelques mots sur au moins une partie du thème général de cette réunion, sur l'unité dans la Sainte Trinité. A une époque d'apostasie générale, ou même les croyances et les dogmes les plus fondamentaux sont controversés ou même totalement ignorés, c'est une grande chose que de trouver un frère ou une soeur qui croit réellement en l'incarnation de Dieu et en la Révélation de Lui-Même en Jésus Christ, en Sa mort et Sa résurrection salvatrice ; que l'Eglise est voulue et fondée par le Christ, et que nous ne sommes pas abandonnés sans toute l'aide dont nous avons besoin de la part de l'Aide, le Saint Esprit, ni sans lignes directrices sûres pour notre foi et notre vie selon la Bible et l'enseignement et la tradition de l'Eglise.

Parlant du point de vue de l'Eglise de Suède – et j'ose également dire l'Eglise d'Angleterre – je sais que beaucoup de gens sont vraiment étonnés, pas tellement de la radicale sécularisation et de la totale apostasie de la société mais de celle de leurs propres Eglises et de leurs évêques. Dans cette situation d'être marginalisé et ne plus se sentir chez soi dans notre propre Eglise, il s'est développé un nouveau genre de réseau pour une assistance mutuelle parmi les gens de croyance traditionnelle et orthodoxe des différentes Eglises qui veulent rester fidèles à ce que le grand théologien laïc anglican C.S. Lewis appelait ‘simple christianisme’.

Selon les paroles du théologien catholique anglais Aidan Nichols O.P. : ‘Il existe, au sein d'une multitude de dénominations, des chrétiens ouverts au mystère total dont les contours ont été définis par les Conciles Oecuméniques du premier millénaire, et soucieux de pratiquer la morale chrétienne classique ’. Et Aidan Nichols cite, en l'approuvant, le théologien évangéliste américain S.M. Hutchens, qui a fait les fines observations suivantes : ‘Il est beaucoup plus facile de considérer les autres chrétiens comme des alliés et de subordonner les désaccords à l'accord commun lorsque l'on a une vision claire de l'ennemi commun. Il y a une méfiance partagée entre nous vis-à-vis des chrétiens qui paraissent être motivés par le désir de la commodité. J'en suis venu à croire que c'est la différence principale entre "notre genre" d'oecuménisme et l'oecuménisme tel qu'il est plus couramment connu : le nôtre est le compagnonnage de camarades d'arme. Rien ne peut être plus différent de notre oecuménisme que celui du chrétien sécularisant’.

Ce qui est premier et central dans ce ‘simple christianisme’, ce n'est bien sûr pas seulement l'orthodoxie doctrinale, mais en premier est le plus grand des Commandements : ‘Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton esprit’ (Mt 22.37). Et c'est également ainsi que vous reconnaissez en un frère ou une soeur dans la foi, qu'il ou elle aime le Seigneur. L'amour envers l'Epoux Trine est certainement ce qui nous lie tous le plus ensemble. L'amour sponsal dans les coeurs est cela-même dont est faite l'unité.

 

Maintenant, je voudrais faire une nouvelle lecture de la Magna Charta de l'oecuménisme et de l'unité de l'Eglise. C'est une nouvelle lecture en tout cas pour moi. J'ai lu ce texte peut-être plus que tout autre texte biblique et je l'ai médité et j'ai écrit et parlé à son sujet. Pour moi, il a toujours concerné l'unité visible de l'Eglise. J'ai toujours eu la vague idée que ce texte concernait également quelque chose de plus mais il n'était alors pas opportun pour moi de soutenir cela. Maintenant, par contre, alors que je ne pense plus que l'unité que j'espérais et pour laquelle je priais et oeuvrais soit possible ni même désirable, maintenant, il est opportun pour moi de voir ce que le texte dit réellement de plus.

Bien sûr, il s'agit du chapitre 17 de l'Evangile de St Jean où Jésus prie pour les apôtres et également pour ceux qui, au travers de leurs paroles, croiront en Lui. Dans les versets 21 à 23, Jésus prie : [21] ‘Puissent-t-ils être un, Père, puissent-t-ils être un en nous, comme tu es en moi et je suis en toi, afin que le monde puisse croire que c'était toi qui m'as envoyé. [22] Je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée, afin qu'ils puissent être un comme nous sommes un. [23] Avec moi en eux et toi en moi, puissent-ils être si complètement un que le monde réalise que c'était toi qui m'avais envoyé et que je les ai aimés autant que tu m'aimes’. (trad. de la Bible de Jérusalem en anglais)

Nous apprenons de ces versets comment le monde en viendra à croire et à réaliser que Jésus vient de Dieu, et que le monde est tellement aimé par Lui. Cela arrivera par l'unité des fidèles chrétiens et cette unité viendra par la prière et l'action de Jésus. Nous pouvons être certains que le Père répondra à la prière du Fils. L'unité n'est pas tout d'abord une unité visible, mais une unité dans le coeur. C'est une unité des fidèles en Dieu comme le Fils est dans le Père et le Père est dans le Fils. Unis au Fils, nous partageons Son unité avec le Père. Jésus nous enseigne ici une double habitation : nous en Dieu par Jésus. Et Dieu en nous, également par Jésus. Le Père est dans le Fils et le Fils est en nous.

Nous voyons que l'unité qui amènera le monde à croire et à comprendre que Jésus vient de Dieu ne peut pas être uniquement extérieure et visible, le résultat de discussions, de compromis, et de signatures de traités, mais est assurément une chose concernant le coeur et l'amour de Dieu et, au-dessus de tout, le résultat de l'action de Dieu Lui-Même. Mais c'est certainement une chose qui peut être manifestée dans le monde visible en temps que réunion corporelle.

 

Nous lisons dans les messages de La Vraie Vie en Dieu des 23 septembre et 13 octobre 1991 : " Le Royaume de Dieu est amour, paix, unité et foi dans les coeurs [...] J'implore Mes enfants de s'unir en coeurs et en voix et de rebâtir l'Eglise primitive de Mon Fils dans leurs coeurs ; Je dis l'Eglise primitive de Mon Fils parce que cette Eglise était construite sur l'Amour, la Simplicité, l'Humilité et la Foi. Je n'entends pas par là que vous reconstruisiez un nouvel édifice ; J'entends par là que vous reconstruisiez un édifice à l'intérieur de vos coeurs ; J'entends que vous abattiez les vieilles briques qui sont à l'intérieur de vos coeurs, briques de désunion, d'intolérance, d'infidélité, de refus de pardonner, de manque d'amour, et que vous reconstruisiez l'Eglise de Mon Fils en vous réconciliant. " (23.9.1991)

Le vrai chrétien est celui qui est chrétien intérieurement et la vraie Unité est et sera dans les coeurs" (13.10.1991)

Et dans le message de La Vraie Vie en Dieu du 14 octobre 1992 :

L'unité sera dans votre coeur [...] et non par la signature d'un traité ! "

 

Conclusion

Une unité visible qui est également une unité dans le coeur et dans la Sainte Trinité est possible et désirable entre les Eglises Catholiques et Orthodoxes et avec certaines confessions minoritaires des Eglises de la réforme constituées finalement en nouvelle province sur le modèle proposé, entre autre par Aidan Nichols. Une réunion avec les Eglises protestantes libérales et modernistes doit probablement attendre jusqu'à ce qu'elles soient revenues au simple christianisme, c'est-à-dire à la foi biblique et classique, catholique et orthodoxe.

Révérend Sverker Tronêt, de l'Eglise Luthérienne de Suède
(
allocution prononcée en anglais

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Mise en page : 26-04-2000 16:30
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