Patriarch Teoctist
Rencontre historique
du Pape Jean Paul II et
du Patriarche Théoctiste de Roumanie


Vassula parmi les invités officiels du Patriarche

Compte-rendu par Isabelle Gay
(également publié par dans Stella Maris, juillet-août 1999)
   
  

"Mon voeu ardent est que l'Ouest et l'Est se rencontrent.
J'ai besoin que ces deux piliers de Mon Eglise se rejoignent et consolident Mon Eglise"
.
(La Vraie Vie en Dieu 5.10.94)
Photo Isabelle Gay 7.5.99
Cérémonie d'accueil du Pape au Patriarcat
vendredi 7 mai 1999
(Photo Isabelle Gay)

Cristos a Înviat !
Christos Anesti !

Ce voyage en Roumanie, organisé de manière inattendue et providentielle, montrait que le Seigneur voulait que Vassula soit présente pour cette visite historique du Pape Jean Paul II à son frère de l'Est, Sa Béatitude le Patriarche Théoctiste, patriarche de l'Eglise orthodoxe roumaine.

Accompagnant Vassula, nous faisions toutes deux parties des invités officiels du Patriarche Théoctiste. L'accès privé de certaines manifestations nous avait été ainsi largement facilité.

Le mercredi 5 mai 1999, nous avons quitté Genève pour Bucarest où depuis plusieurs jours la température indiquait 27°. Quelle ne fut pas notre surprise lorsqu'à notre arrivée, le pilote annonça 7° au sol. En effet, une pluie battante et un vent glacial soufflant par rafale nous attendaient. C'était comme si les éléments se déchaînaient avant l'arrivée d'un heureux événement.

Mais le vendredi 7 mai 1999, jour de l'arrivée du Saint Père, le ciel se dégagea et le resta jusqu'à son départ.


(Photo Isabelle Gay)
Ce même jour vers 13h30, le Saint Père et le Patriarche Théoctiste étaient attendus au patriarcat, au centre de Bucarest. Situé sur une colline, celui-ci donne sur une petite place très sympathique et très intime sur laquelle débouchent également la cathédrale et le palais patriarcal.

Ayant des laisser-passer, nous nous y sommes rendues après avoir passé un sérieux contrôle de police.

Le Saint Père et le Patriarche, tous deux vêtus de blanc, arrivèrent en "papamobile".


(Photo Isabelle Gay)
Voir également :          JOURNAL D'INFORMATION
ET DE LIAISON
DE LA 
VRAIE VIE EN DIEU
N°8 - Vassula en Roumanie, mai 1999

Publication et diffusion :
Association La Vraie Vie en Dieu - Suisse,
Case postale, CH-1800 vevey, Suisse
e-mail :
tlig-ch@tlig.org

 


(Photo Isabelle Gay)
Ils furent accueillis avec enthousiasme, accompagnés de volées de cloches et de magnifiques chants byzantins.

Ils commencèrent par se recueillir dans la cathédrale patriarcale puis ils traversèrent la place et montèrent quelques marches pour accéder au perron du patriarcat d'où ils prononcèrent leurs allocutions respectives.

Nous nous trouvions au pied de cet escalier, à 2m50 du Pape et du Patriarche, face aux évêques, cardinaux et métropolites qui les accompagnaient.


(Photo Isabelle Gay)
Nous étions tellement proches du Saint Père qu'à un moment donné, après avoir regardé en direction de la foule, ses yeux sont tombés vers nous et avec un hochement de tête, il sourit à Vassula comme pour la saluer. Vassula ressentit au fond d'elle-même qu'il l'avait reconnue.

A la fin des discours, le Pape et le Patriarche entrèrent dans le patriarcat et en ressortirent quelques minutes plus tard.

Photo Isabelle Gay 7.5.99
(Photo Isabelle Gay)

(Photo Isabelle Gay)
  A leur suite arriva le métropolite Daniel, bras droit du Patriarche ; il salua cordialement Vassula du haut du perron. Il était accompagné du Père Ion Bria, ancien directeur du département "Unité et Renouveau" au Conseil Oecuménique des Eglises, à Genève, et qui avait organisé notre voyage.

Vassula avait fait la connaissance du Métropolite Daniel, puis du Patriarche Théoctiste, à Iasi, en Roumanie, en mai 1994. Une conférence organisée par le Conseil Oecuménique des Eglises à Genève, réunissait tous les grands courants de spiritualité d'aujourd'hui. Invitée à y participer, Vassula était accompagnée alors du Père O'Carroll.

Cette conférence avait pour thème: "La spiritualité de notre temps". Vassula avait été invitée à présenter le Message et la demande du Seigneur sur l'unité et l'unification de la date de Pâques. Cette demande fut prise en considération et fit partie des 5 recommandations qui ont clôturé cette conférence. Suivit la conférence d'Alep en Syrie en 1997 qui demandait aux Eglises de s'accorder pour célébrer Pâques à une date commune.

Cette idée a été reprise à Washington en octobre 1998 à l'occasion d'une conférence réunissant des théologiens orthodoxes et catholiques d'Amérique du Nord. En conclusion, ils recommandaient de rester fidèles au premier concile oecuménique, le concile de Nicée.

Il est intéressant de noter que l'Eglise Luthérienne travaille également dans ce sens. On peut lire dans la revue oecuménisme-informations d'Avril 1999 que le pasteur Ishmael Noko, secrétaire général de la Fédération Luthérienne Mondiale a écrit aux 124 Eglises membres, en leur demandant d'examiner les propositions faites en Syrie en 1997, visant à mettre fin aux différences sur la date de Pâques.

Lors d'une interview à Genève, le pasteur a souligné l'importance de cet accord :

"Ce qui est en jeu, c'est plus que la question d'une date commune pour Pâques, c'est la question de l'unité de l'Eglise à propos d'un événement qui définit l'Eglise comme Corps du Christ."

"Le Corps du Christ est divisé à cause de calculs mathématiques, mais la Résurrection des morts nous donne plus de pouvoir pour nous élever au dessus des limites humaines. Une date commune pour la célébration de Pâques serait un signe visible d'unité."

Vassula - je serais tentée de dire le Jean-Baptiste des temps modernes - donne au monde par le charisme qu'elle reçoit, le chemin à suivre pour l'unité.


Bucarest, 7 mai 1999 (Photo Isabelle Gay)

Nous avions préparé deux dossiers, l'un à l'intention du Pape et l'autre pour le Patriarche. Ils contenaient quelques messages choisis et importants de la Vraie Vie en Dieu, concernant l'unification de la date de Pâques et le rapprochement entre l'Eglise de l'Est et l'Eglise de l'Ouest. Certains passages avaient été mis en évidence afin que chacun d'eux puisse se rendre compte de la demande insistante et pressante de notre Seigneur pour unir la date de Pâques.

"Jusqu'à maintenant, Je n'ai pas fait pression 1  sur vous 2.
Je vous ai suppliés d'unifier les dates de Pâques, mais vous n'écoutez pas Mon Esprit.
Vous avez exploité la patience de Mon Père.
Cette fois encore, Je vous demande d'unifier les dates de Pâques
afin que Mon Esprit brille sur vous avec grâce
et que Je puisse amener Ma Maison en une seule.
Aujourd'hui, Je vous parle, mais vous n'estimez pas Mes paroles en ces Messages.
Lorsque vous les estimerez un jour, ce sera trop tard...
Ah ! si seulement un seul de ces hommes oeuvrant pour l'unité,
si un seul d'entre eux ne cédait pas à ses passions, à ses peurs,
et allait de l'avant en unifiant les dates de Pâques, Moi Dieu, Je l'exalterais."
(La Vraie Vie en Dieu, 27.11.96)

"Aussi, Je t'implore, Maison de l'Ouest, d'aller de l'avant et de démasquer le Malin,
en unifiant les dates de Pâques comme dans l'Eglise primitive. "
(La Vraie Vie en Dieu, 27.11.96)

...prie pour que la maison de l'Est et celle de l'Ouest se joignent ensemble,
comme deux mains lorsqu'elles sont unies dans la prière,
comme une paire de mains, semblables, et pleines de beauté lorsqu'elles sont unies,
dirigées vers le Ciel lorsqu'elles sont en prière.
Que ces deux mains, appartenant au même corps oeuvrent ensemble
et partagent leur capacité et leurs ressources l'une avec l'autre...
Qu'ensemble, ces deux Mains M'élèvent...
Ah ! quand ces deux Mains de Mon Corps M'élèveront-elles au-dessus de l'Autel
 3,
Me tenant ensemble ?
(La Vraie Vie en Dieu, 15.6.95)

"Maintenant, va rencontrer ton Frère et unissez les dates de Pâques.
Alors, Je vous ferai don de l'amour et Je restaurerai votre vue.
Je ne veux pas que vous périssiez dans votre propre folie.
Effectivement, double est Mon chagrin, doubles sont Mes gémissements.
Maintenant, va soulager Ma souffrance, frère.
Va Me glorifier en unifiant les dates de Pâques ".
(La Vraie Vie en Dieu, 7.12.94)

"N'as-tu pas entendu que Je pourrais M'accommoder d'une seule date ? 4" (La Vraie Vie en Dieu, 24.10.94)

Combien vous étiez glorieux en vos jours d'antan !
Venez rebâtir Ma Maison en Une seule, en unifiant les dates de Pâques...
(La Vraie Vie en Dieu, 5.10.94)

Etaient jointes également au dossier la liste des réunions de Vassula dans le monde de 1988 à 1999 (soit environ 580 réunions) ainsi que la bibliographie de la Vraie Vie en Dieu dans toutes les langues disponibles, c'est-à-dire actuellement trente-deux langues, documents disponibles et tenus à jour sur le site Internet de la Vraie Vie en Dieu.

Nous nous demandions si Vassula arriverait à leur remettre les dossiers et à les entretenir quelques minutes sur leur contenu. Pour le moment cela nous semblait illusoire.


Bucarest, 7 mai 1999 (Photo Isabelle Gay)

 

Etant invitées le lendemain, samedi 8 mai 1999, à la réception au Palais patriarcal, nous nous disions que nous avions encore des chances. Nous nous y rendons vers 18h. Après avoir passé le service de sécurité, nous sommes invitées à nous asseoir dans l'amphithéâtre du palais. Celui-ci ressemblait à un joli théâtre de poche, magnifiquement et sobrement décoré.

Au bout de quelques minutes, nous voyons s'installer sur le côté, à deux mètres de nous, quelques évêques, cardinaux tels que leurs Eminences Mgr Sodano, Mgr Cassidy, Mgr Silvestrini, etc., qui accompagnaient le Saint Père pour ce voyage.

Il était tentant de laisser Vassula se présenter elle-même. Cependant il nous sembla plus opportun que le Père Ion Bria ou le Métropolite Daniel le fasse. Mais à ce moment, ni l'un ni l'autre ne se trouvait là.

Avant de faire leur entrée dans l'amphithéâtre, le Saint Père et le Patriarche furent accueillis par une chorale d'enfants puis une fois dans l'amphithéâtre, ce fut un tonnerre d'applaudissements, suivi d'un magnifique chant de la Résurrection. Celui-ci fut d'ailleurs chanté à plusieurs reprises durant ces trois jours.

Voici quelques paroles du Saint Père ; vous en trouverez l'intégralité à la fin de ce rapport.

"... Béatitude, chers Frères dans l'épiscopat, redonnons une unité visible à l'Eglise, ou alors ce monde sera privé d'un témoignage que seuls les disciples du Fils de Dieu, mort et ressuscité par amour, peuvent lui offrir pour l'amener à s'ouvrir à la foi (cf. Jn 17, 21). Et qu'est-ce qui peut inciter les hommes d'aujourd'hui à croire en Lui, si nous continuons à déchirer la tunique sans couture de l'Eglise, si nous ne réussissons pas à obtenir de Dieu le miracle de l'unité, en œuvrant pour lever les obstacles qui empêchent sa pleine manifestation ? Qui nous pardonnera ce manque de témoignage ? J'ai cherché l'unité de toutes mes forces, et je continuerai à me dépenser jusqu'à la fin pour qu'elle soit parmi les préoccupations prioritaires des Eglises et de ceux qui les gouvernent par le ministère apostolique. [...]

Votre terre de Roumanie, entre la latinitas et Byzance, peut devenir terre de rencontre et de communion. Elle est traversée par le Danube majestueux, qui baigne des régions de l'Orient et de l'Occident : que la Roumanie sache, comme ce fleuve, tisser des relations d'entente et de communion entre peuples divers, contribuant ainsi à affermir en Europe et dans le monde la civilisation de l'amour !

Le Saint Père ajouta à la fin de son discours, en martelant le pupitre : "Cette visite est une visite inoubliable".

 


(Photo Isabelle Gay)
Puis la réception suivit et là, nous nous sommes retrouvées à un mètre du Saint Père.

Dans une grande salle où se trouvaient plusieurs petits buffets, deux fauteuils avaient été installés avec une petite table et deux couverts, pour le Saint Père et le Patriarche.

Le côté familial et sympathique de cette réunion était certainement inattendu pour le Saint Père et son entourage.

A l'arrivée du Pape dans la salle, nous avions l'intention de lui remettre le dossier mais après le chant du Notre Père en langue roumaine et la prière de bénédiction, un certain nombre de personnes se ruèrent autour du Saint Père, formant ainsi un barrage devant Vassula. Le comportement des gens obligea le Saint Père et le Patriarche à repartir. Nous sentions des blocages chaque fois que nous pensions arriver au but...
(Photo Isabelle Gay)

(Photo Isabelle Gay)
Vassula, orthodoxe parmi les Orthodoxes, soutenue par son Eglise, se trouvait être témoin de cette rencontre et voyait de ses yeux l'accomplissement de certaines prophéties que le Seigneur lui donne à travers les messages de La Vraie Vie en Dieu.

 

 

" La gloire brillera de la rive Est. C'est pourquoi, Je dis à la Maison de l'Ouest,
tourne tes yeux vers l'Est.
Ne pleure pas amèrement sur l'apostasie et la destruction de ta Maison.
Ne cède pas à la panique car demain, tu mangeras et boiras,
ensemble avec Ma pousse de la rive Est. Mon esprit vous réunira. "
(La Vraie Vie en Dieu, 24.10.94)

Ma couronne de gloire Me sera offerte de l'Est.
[...]
J'élèverai Ma progéniture de la Maison de l'Est pour faire avancer l'unité et, à la fin,
toutes les nations s'assembleront sous un Seul Nom...
(La Vraie Vie en Dieu, 7.12.94)

...Dans Ma Miséricorde et à cause de Mon Amour,
J'en lèverai de l'Orient au moins un qui dira à son frère
 5 :
" viens marcher sur ma terre ; viens manger de ma table ; viens boire avec moi ;
mes cuves débordent de vin nouveau.
Paissons ensemble nos agneaux et faisons de nos pâturages un Eden ; "
(La Vraie Vie en Dieu, 24.10.94)

De l'Est, Je hâterai un coeur généreux qui, dans sa loyauté,
scellera un pacte de paix avec l'Ouest. "
(La Vraie Vie en Dieu, 5.10.94)


(Photo Isabelle Gay)

Après le départ du Pape et du Patriarche, nous avons rencontré l'Ambassadeur de Roumanie près le Saint Siège, dont Vassula a fait connaissance à Rome, ainsi que le Père Galeriu, prêtre orthodoxe très spirituel qui soutient la Vraie Vie en Dieu en Roumanie.

 

Le dimanche matin 9 mai 1999, sur une très grande place entourée de verdure, le Parc de l'Union, nous avons assisté à la Divine Liturgie orthodoxe présidée par le Patriarche Théoctiste, en présence du Saint Père, et à laquelle participait une foule immense.

Afin d'être bien placées, nous sommes arrivées au moins une heure à l'avance.


(Photo Isabelle Gay)

(Photo Isabelle Gay)
  A cette occasion, nous avons fait la connaissance d'un des conseillers du Patriarche, le Père Vasile. Il était accompagné du Père Ion Bria et de son épouse et tous trois sont venus s'asseoir à côté de nous. Le Père Vasile avait vécu à Lausanne et semblait heureux de discuter avec nous. Lorsque je lui ai parlé du charisme de Vassula, il s'est montré très ouvert et intéressé. Je lui ai remis la brochure des dons de l'Esprit Saint que j'avais avec moi et nous lui avons proposé de lui donner d'autres livres à l'issue de la cérémonie. Comme nous logions à deux pas, ce fut chose facile. Nous avons ainsi pu parler avec lui plus longuement.

Divine Liturgie au Parc de l'Union, dimanche 9 mai 1999
  Comme nous ne comprenions pas le roumain, il s'est montré très attentionné pendant la liturgie et nous la commentait afin de nous aider à comprendre. Au moment de la communion, nous avons vu un nombre restreint de personnes s'en approcher pour la recevoir et surtout des enfants. Seul le Patriarche la distribuait.
Divine Liturgie, dimanche 9 mai 1999
(Photo Isabelle Gay)

 


Divine Liturgie au Parc de l'Union, dimanche 9 mai 1999
(Photo Isabelle Gay)

 

Puis dans l'après-midi, dans un parc immense, le Podul Izvor, devant l'ancien palais de Ceaucescu, le Saint Père célébra la Messe à laquelle assistait une foule très chaleureuse et enthousiaste, estimée à un million de personnes venues de toutes parts. Le Patriarche ainsi que les prêtres orthodoxes et uniates y participaient également. Les chants et les prières montaient vers le ciel avec une force intérieure impressionnante. Avec une organisation parfaite, une centaine de prêtres se dispersa dans la foule pour apporter la communion à ceux qui le désiraient, ceci dans un climat de prière fervente et de recueillement .

A la fin de la Messe, la foule s'est mise à scander avec puissance, force et vigueur :

" UNITATE ! UNITATE ! "

Avec joie, le Saint Père conclut : " Alors, il faut se dépêcher ! "


Le Pape Jean Paul II et le Patriarche Théoctiste
lors de la Messe célébrée le dimanche 9 mai 1999 à Bucarest
 COPYRIGHT © L'OSSERVATORE ROMANO  SERVIZIO FOTOGRAFICO

 

Ces trois jours de la visite du Pape se sont déroulés dans une ambiance particulièrement familiale, simple, décontractée et conviviale, sans grand protocole. Une grande attention dans les moindres détails de la part du Patriarche, une grande joie et une grande tendresse mutuelle se faisaient sentir.

Concernant les deux dossiers, nous les avons finalement remis en de bonnes mains.

Isabelle Gay, 24 mai 1999         
(également publié dans Stella Maris, juillet-août 1999)


 

"Aujourd'hui, toute délicatesse de la part de Mes créatures,
pour restaurer Ma Maison chancelante, Me touche profondément.
Quelque pas que ce soit, effectué vers l'unité, tout le ciel se réjouit.
Quelque prière que ce soit, offerte pour la restauration de Mon Corps,
la colère de Mon Père diminue.
Pour quelque assemblée que ce soit en Mon Nom pour l'unité,
Mes bénédictions sont déversées sur ceux qui prennent part à ces réunions.
Mes Yeux veillent sur ceux qui M'aiment et qui, en dépit de leur imperfection,
exécutent Mes fervents désirs."
(La Vraie Vie en Dieu, 5.10.94)

 

Photo Isabelle Gay 7.5.99
Divine Liturgie présidée par Sa Béatitude Théoctiste,
dimanche matin 9 mai 1999
(Photo Isabelle Gay)

 

Extrait de La Vraie Vie en Dieu,
24 décembre 1989, Veille de Noël.

(Chute de la dictature communiste en Roumanie)

Ma fleur, Je suis la Lumière du monde. Chante et sois heureuse, chante de joie car c'est Moi Jésus qui accomplis ces merveilles. Ma Croix sera à nouveau dressée sur chaque église. Vois-tu 6 ?

Une paix universelle s'en vient bientôt, la Paix est sur le point de naître. Prie pour cette naissance de Paix et d'Amour. Aujourd'hui, la terre ressent les premières douleurs de l'enfantement. Ce sont, Ma bien-aimée, Mes premiers signes d'Amour 7.

Je suis le Maître du Ciel et de la terre et par Ma Puissance, Je démontrerai à chaque nation que Je suis Tout-Puissant. J'ai dit que Je renverserai de Mon Souffle tous ceux qui vous ont réduits en esclavage. Que vos nations réalisent que tout est sujet à Mon Pouvoir et ce que J'ai fait d'un seul souffle est pour Ma Gloire. Aucun homme ne peut effacer Ma Loi. Que les nations réalisent que c'est Moi le Seigneur qui suis venu libérer ces captifs de prison et les élever à Moi. C'est Moi qui ai réduit vos ennemis à une honte éternelle et ce n'est pas tout, Je signerai avec ta soeur, la Russie, une alliance de Paix et d'Amour, et J'oublierai ses crimes, et J'en ferai à nouveau Mon Epouse, et de son coeur sortira ce cantique :

" Je garderai toujours mon amour pour Lui,
et mon alliance avec mon Dieu
se maintiendra. "

Mon Ame a soif de ce moment glorieux. J'entends montrer Ma splendeur et Ma gloire à chaque nation vivant sous ces cieux, à travers ta soeur la Russie.

Je la revêtirai de Ma Beauté et de Mon Intégrité, et Je l'arborerai fièrement devant tes frères 8 afin qu'ils puissent voir par elle et en elle Ma Beauté et Mon Intégrité. Ma fille, les noces de la conversion de ta soeur s'en viennent bientôt. J'ai dit que Je suis Celui qui descends dans la misère de votre ère pour consoler les opprimés et libérer ses captifs de leur prison ainsi que ceux qui vivent dans l'obscurité du cachot.

C'est Moi votre Sauveur qui viens vous délivrer de la gueule du dragon rouge.

C'est Moi votre Jésus, Mes colombes, qui viens briser vos cages et vous libérer.

C'est Moi votre Saint qui ne vous ai jamais abandonnés, et Je vous dis en vérité que vos portes 9 ne Me seront pas fermées.

Vassula, Je renverserai dans la disgrâce et l'humiliation toutes ces puissances du mal, ces puissances qui ont abattu Ma Maison et ont fait d'Elle des tombeaux béants.

Ma Lumière ressuscitera ta soeur la Russie et tous ses pays voisins. Je briserai toutes vos cages et Je vous libérerai. Sache que le salut et la libération viennent de Moi seul. Prie pour ta soeur, prie pour ses voisins.

– Mon Seigneur, Tu as dit :

" Malheur à qui amasse des biens qui ne sont pas les siens et qui se charge de créances ! Ne surgiront-ils pas soudain ses créanciers, ne se réveilleront-ils pas, ses exacteurs ? Alors il sera leur proie ! " (Ha 2.7) C'est exactement ce qui est arrivé à la Roumanie, mais des innocents ont payé de leur sang.

Sois assurée que J'ai avec Moi tous les saints-martyrs de ton époque, victimes de la furie de Satan. J'ai avec Moi tous ceux qui ont péri comme victimes. Je te dis que sa fureur était telle que, sachant qu'il perdait sa prise, il avait l'intention d'annihiler chacune de Mes fleurs.

(D'en Haut, Jésus regardait alors la Roumanie.)

Ne pleure plus, petite 10, car Moi le Seigneur Je rebâtirai tes ruines et Je te multiplierai pour porter témoignage de Mon Nom. Je te ferai voir de grandes choses sous Mon Nom.

Enfin libre ! Libre de venir à Moi, ton Sauveur et de vivre dans Mon Sacré Coeur.

De Ma Lumière, Je poursuivrai tes ennemis qui sont aussi Mes ennemis. Ne pleure pas tes enfants qui ne sont plus, car aujourd'hui Je t'annonce que J'ai placé chacun d'eux dans les profondeurs de Mon Coeur.

- Béni soit notre Seigneur le Dieu de Miséricorde
car Il a visité Son peuple !
Il est venu à son secours ;
Il est venu donner la Lumière
à ceux qui vivent dans les ténèbres
et dans l'ombre de la mort ;
Gloire à Celui qui vient guider
nos pas sur le chemin de la Paix et de l'Amour.
Amen.

(La Vraie Vie en Dieu 24.12.89)

 

Photo Isabelle Gay 7.5.99
Cérémonie d'accueil du Pape au Patriarcat
vendredi 7 mai 1999
(Photo Isabelle Gay)


 

Discours de bienvenue adressé par Sa Béatitude Théoctiste, Patriarche de l'Eglise Orthodoxe de Roumanie, à l'arrivée de Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II à l'aéroport de Bucarest, le 7 mai 1999, en présence du Président de la République de Roumanie :

Votre Sainteté,

Avec la Bénédiction de Dieu, vous avez foulé une terre qui a reçu la parole de l'Evangile du Christ Sauveur d'un de ses Apôtres lui-même, saint André, frère de saint Pierre selon la chair.

Aujourd'hui, Votre Sainteté, vous marchez sur une terre habitée en majorité par des membres de l'Eglise orthodoxe, terre sanctifiée par le sang des martyrs, ceux d'autrefois et ceux qui sont tombés sur l'autel de la foi dans les temps révolus de la dictature communiste athée, ainsi que ceux, jeunes et vieillards, qui sont tombés lors de la révolution de 1989. C'est une terre sanctifiée par les larmes et la prière des mères et la sueur des renoncements spirituels, une terre parsemée d'une extrémité à l'autre de croix qui veillent sur les clochers des églises et des monastères, le long des routes et dans les cimetières de nos ancêtres, en signe de notre espoir dans la Résurrection.

Avec l'Apôtre Paul, nous confessons nous aussi que, "de même que les souffrances du Christ abondent pour nous, de même, par le Christ, abonde aussi notre consolation" (2 Co 1, 5). C'est pourquoi nous rendons gloire à Dieu pour tout.

Les Roumains orthodoxes ont été considérés à juste titre comme formant un pont entre l'Orient et l'Occident. Des membres éminents de l'Eglise de cette terre, comme Denis le Petit et saint Jean Cassien, ont voyagé en Occident, se mettant au service de l'Eglise occidentale. Plus tard, les chefs chrétiens des Roumains ont, au prix de nombreux sacrifices, barré avec leurs boucliers la route de l'Europe à ceux qui voulaient que nous renoncions à notre foi.

  La position de la Roumanie au croisement de l'Orient et de l'Occident, son héritage spirituel qui est la foi inchangée de nos pères, et l'histoire même de ce peuple, constituent un patrimoine précieux, décisif pour la vocation et la mission de notre Eglise et de notre peuple aujourd'hui.

Votre Sainteté,

Le deuxième millénaire de l'histoire chrétienne a commencé par une douloureuse blessure de l'unité de l'Eglise. Il se termine toutefois sous un signe affirmatif : le désir sincère d'unité et l'effort des Eglises chrétiennes du monde entier pour guérir cette blessure du Corps de l'Eglise du Christ.

Quant à elle, l'Eglise orthodoxe de Roumanie assume avec responsabilité le travail qui lui revient dans le contexte des efforts que font toutes les Eglises pour se rapprocher et pour refaire l'unité des chrétiens. La visite même de Votre Sainteté en Roumanie, visite essentiellement oecuménique, s'inscrit dans cette même perspective d'unité.

Nous allons avoir l'occasion tout au long de ces journées, par la volonté de Dieu, "de nous réconforter par notre foi commune à vous et à nous" (Rm 1, 12), selon la parole de saint Paul, de donner de la joie qu'attriste tellement la séparation de nos Eglises et d'apporter une bonne nouvelle à ceux qui mettent pour cela leur espoir en Dieu.

Nous vous souhaitons la bienvenue dans notre pays et dans notre Eglise, au nom d'un peuple orthodoxe, qui se tourne vers Dieu "comme une terre assoiffée", avec l'espoir "que l'Esprit de Celui qui est bon le conduise par le droit chemin" (Ps 142, 10).

Nous vous accueillons avec un coeur ouvert et avec un esprit bienveillant, au nom des évêques, des prêtres, des moines et des fidèles de notre Eglise et nous vous embrassons d'un baiser fraternel dans le Christ Jésus, avec l'espoir et la prière que "le Dieu d'amour et de paix soit avec nous" (2 Co 13, 11) pendant ces jours de votre visite.

 


 

Dans la matinée du 7 mai 1999, Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II était accueilli à la Cathédrale patriarcale de Bucarest par Sa Béatitude Théoctiste, Patriarche de l'Eglise Orthodoxe de Roumanie. Voici les paroles adressées par le Patriarche au Pape Jean Paul II en la Cathédrale de Bucarest :

 

Cathédrale de Bucarest
vendredi 7 mai 1999
(Photo Isabelle Gay)
  Votre Sainteté,

A peine avez-vous foulé le sol de notre pays que nous vous accueillons dans cette Cathédrale patriarcale avec la joie qu'exprime l'hymne biblique : "Béni est celui qui vient au Nom du Seigneur" (Mt 21,9) et avec la salutation pascale : "Le Christ est ressuscité !". Notre Cathédrale patriarcale, placée sous la protection des saints souverains Constantin et Hélène et gardée par les reliques de saint Démètre le Nouveau, est le foyer de la vie spirituelle de l'Orthodoxie roumaine. Demeurée pendant près de trois siècles sur cette haute colline de Bucarest, elle a traversé les vicissitudes de l'Histoire et elle témoigne de la victoire de l'Eglise de Dieu sur les puissants de ce monde.

Nous vous accueillons donc dans ce foyer de lumière de notre peuple, avec amour dans le Christ. Nous avons comme témoins, en même temps que le clergé et le peuple ici présents, tous ceux qui sont dignes de mémoire : nos ancêtres, les patriarches, les métropolites, les serviteurs, fondateurs et bienfaiteurs de ce sanctuaire de l'Eglise de Dieu qui est en Roumanie.

Dans la personne de Votre Sainteté, nous recevons et nous honorons l'Eglise de Dieu qui est à Rome, fondée par la prédication et le martyre des glorieux Apôtres Pierre et Paul, vénérable Eglise d'origine apostolique, engagée dans les grands événements et les décisions conciliaires de l'Eglise indivise du premier millénaire.

Nous savons que vous vous dépensez inlassablement pour l'unité des chrétiens en pèlerin et proclamateur de l'esprit de l'Evangile ; vous luttez contre l'esprit de sécularisation et vous oeuvrez à la réconciliation des peuples. Aussi, espérons-nous que la présence de Votre Sainteté sera une bonne occasion de porter un témoignage commun en ce qui concerne le drame de la Yougoslavie – terre placée au coeur de l'Europe chrétienne – en demandant ensemble l'arrêt immédiat de la guerre.

Votre Sainteté,

Dans les jours qui suivront, vous aurez l'occasion de connaître de plus près l'Eglise Orthodoxe de Roumanie, comment elle travaille et les problèmes qu'elle rencontre aujourd'hui, en une période cruciale de l'histoire de notre pays, de l'Europe et sans doute même du monde. Vous aurez l'occasion de connaître le peuple roumain, ses souffrances et ses aspirations : on lit encore sur son visage les traces des épreuves qu'il a traversées dans la dernière moitié de ce siècle. Vous aurez l'occasion de constater que la vigne vivante du christianisme apostolique, apportée de Jérusalem sur les collines de ces régions à peu près en même temps qu'elle arrivait sur les collines de Rome, est demeurée vivante jusqu'à ce jour : pendant des siècles, elle a nourri de la nourriture céleste les fils de cette terre.   Cathédrale de Bucarest
vendredi 7 mai 1999
(Photo Isabelle Gay)

Avec la richesse spirituelle de ce peuple béni de Dieu et qui a toujours reçu avec affection tous ceux qui sont venus lui rendre visite à coeur ouvert, nous vous accueillons, Votre Sainteté, ainsi que tous ceux qui vous accompagnent, avec joie et amour fraternel dans le Christ.

Bienvenue parmi nous !


 

Le 8 mai 1999 à 18 heures, Sa Sainteté le Pape Jean Paul II était reçu par Sa Béatitude Théoctiste, Patriarche de l'Eglise Orthodoxe de Roumanie, en présence du Saint-Synode, au Palais patriarcal de Bucarest. Vassula était également présente, en tant qu'invitée officielle du Patriarche.
Voici le discours adressé par le Patriarche Théoctiste au Pape Jean Paul II  :

Votre Sainteté,


(Photo Isabelle Gay)
  Au nom des membres du Saint Synode de l'Eglise orthodoxe roumaine, j'ai l'honneur d'adresser à l'évêque de Rome et au Primat de l'Eglise catholique romaine un souhait fraternel de bienvenue parmi nous, ainsi que le salut et le témoignage pascals : "Le Christ est ressuscité !". Réunis ici, nous, les évêques de l'Eglise orthodoxe roumaine avec votre Sainteté et les évêques qui vous accompagnent, nous nous souvenons de l'assemblée des Apôtres au milieu de laquelle s'est montré le Christ Sauveur ressuscité. Nous croyons que le Christ Dieu est encore parmi nous, car nous ne doutons pas que la rencontre d'aujourd'hui est voulue par le Père et mise en oeuvre par l'Esprit Saint. Aussi prions-nous le Christ, lui qui est glorifié et ressuscité, d'envoyer maintenant encore sur nous, comme autrefois sur les Apôtres, sa bénédiction et sa paix divines.

Le Synode des évêques d'une Eglise locale comme l'Eglise orthodoxe roumaine est la manifestation de l'Eglise en communion, épiphanie locale de la catholicité de l'Eglise universelle. Chaque évêque apporte avec soi une communauté de prêtres, de moines et de croyants dont il est le serviteur. L'évêque qui se trouve en communion doctrinale, sacramentelle et canonique avec les autres évêques, réalise avec sa communauté la plénitude ecclésiale de l'Eglise du Christ. La conciliarité, présidée par le "primus inter pares", est la forme d'unité qui porte en elle, en dépit des faiblesses humaines, le reflet du mystère de la Sainte Trinité.

Nous sommes reconnaissants à Dieu pour le fait qu'existe déjà une tradition positive de relations entre nos Eglises. "Retour à la source", à la pratique de l'Eglise du premier millénaire : tel a été le point commun de référence qui a changé radicalement les perspectives et les attitudes dans les relations de la chrétienté catholique-romaine et de la chrétienté orthodoxe. Le dialogue théologique des deux Eglises inauguré au début des années 1980 a réussi, malgré la période de crise qu'il a traversée ces dernières années et que nous nous efforçons tous de dépasser le plus rapidement possible, à élaborer une vision commune orientée vers une théologie de la communion, récupérant, en peu de temps, beaucoup de ce qui avait été perdu au cours du deuxième millénaire.

Le Document de Balamand (Liban, juin 1993) a consacré un vocabulaire oecuménique nouveau, qui révèle un changement évident dans la compréhension et dans l'attitude des deux Eglises. "L'Eglise catholique et l'Eglise orthodoxe – dit ce document – se reconnaissent réciproquement comme Eglises-soeurs" (chap. 14). A partir d'une appréciation aussi positive, les deux Eglises comprennent qu'une série de méthodes de mission et de modèles d'unité du passé, qui ont créé des tensions entre nos Eglises, deviennent inacceptables (chap. 13).

Dans ce contexte, nous espérons que la visite de Votre Sainteté en Roumanie donnera une impulsion positive au dialogue engagé par notre Eglise avec l'Eglise gréco-catholique de Roumanie, dialogue qui a déjà commencé à porter des fruits. A la lumière des accords qui sont intervenus à ce sujet dans le cadre du dialogue théologique international orthodoxe-catholique, et tenant compte des réalités confessionnelles et pastorales d'aujourd'hui en Roumanie, nous espérons dépasser les divergences non encore résolues, de sorte que nous puissions assurer entre nos fidèles la concorde et, bientôt, une paix confessionnelle définitive.

Certes, sur la route de la "pleine communion", il existe encore des blessures issues du passé et qui ne sont pas encore guéries définitivement. Mais notre décision de sauver les éléments d'unité qui appartiennent à nos Eglises et de lutter pour un témoignage intégral de la même foi est ferme et constante.

Votre Sainteté,

L'Eglise orthodoxe roumaine, en cette période historique cruciale, concentre son attention sur quelques grandes priorités pastorales, missionnaires, diaconales et oecuméniques qui se sont imposées à notre ministère.

Une fois notre pays libéré politiquement du système communiste totalitaire, en 1989, après des décennies de restrictions et d'hostilité, nous avons obtenu avec une joie indicible la liberté plénière de confesser notre Dieu. L'Esprit de Dieu fait apparaître aujourd'hui les fruits du sacrifice de nos frères qui ont souffert pour le Christ pendant cette période, sacrifice greffé sur l'héritage de la foi ancestrale. Il faut dire en même temps que la flamme de la foi ne s'est pas éteinte pendant ces années difficiles. Le sacrifice non sanglant n'a pas cessé d'être offert sur les autels des villages et des villes de Roumanie. Ainsi l'Eglise a toujours rempli, malgré la faiblesse de certains d'entre nous, avec beaucoup d'efforts et de sacrifices, sa tâche spécifique et essentielle : confesser le Christ et sanctifier l'être humain et le monde qui l'entoure.

Nous avons appris, alors plus que jamais, que la vie liturgique, sacramentelle de l'Eglise a toujours été et doit demeurer le support vital de la foi et de la vie chrétiennes. Le travail de l'Eglise consiste, comme le dit saint Maxime le Confesseur, à transmettre au monde par la grâce les biens et les dons que Dieu possède par nature (Chapitres gnostiques, II, 90). Aujourd'hui, pourtant, nous nous trouvons devant une exigence missionnaire nouvelle et d'une grande importance, due à un renouveau de la foi et à la nécessité de transmettre la tradition authentique à la jeune génération et de réévangéliser la société sécularisée.

Notre Eglise a aujourd'hui une grande responsabilité dans le renouveau spirituel de la société roumaine. Nous sommes conscients que la contribution fondamentale de l'Eglise à l'assainissement de la vie sociale roumaine consiste à former des hommes craignant Dieu, des hommes vraiment croyants, des hommes qui ont "l'Esprit de Dieu" (1 Co 7,40), libres de l'esclavage des passions et habités par l'esprit de sacrifice et d'amour du prochain. Comme l'affirme un grand théologien roumain : "L'Eglise ne peut créer une science, une technique, une industrie chrétienne ; mais elle peut préparer des savants chrétiens, des artistes chrétiens, des écrivains chrétiens, des commerçants chrétiens, des économistes chrétiens, des fonctionnaires chrétiens". C'est par eux que l'Eglise peut transmettre l'esprit de l'Evangile à l'ensemble de l'organisme social. La responsabilité de notre Eglise devant la société roumaine est ainsi beaucoup plus large que l'implication directe dans un domaine ou un autre de la vie sociale. Néanmoins, avec les moyens modestes qui sont à notre portée, nous nous efforçons de venir en aide à nos frères qui connaissent l'épreuve, opprimés de tout âge, que la société passe souvent sous silence. Mais les difficultés que nous rencontrons pour récupérer les biens dont l'Eglise a été dépossédée nous empêchent malheureusement d'avoir une activité plus soutenue dans ce sens.

Dans l'esprit de son enseignement, notre Eglise accorde beaucoup d'importance, avant tout, à la valeur unique de chaque personne humaine, valeur donnée par la présence de l'image de Dieu en chaque être humain. En même temps, l'Eglise orthodoxe roumaine contribue à la sauvegarde de notre identité nationale dans le respect de la spécificité ethnique ou religieuse de toutes les minorités de notre pays.

En ce qui concerne les relations avec les autres Eglises et les confessions chrétiennes de notre pays, nous avons repris, en ces nouvelles conditions de liberté, la riche pratique du passé qui est celle des conférences théologiques interconfessionnelles. Dans le même temps, nous avons initié de nouvelles structures oecuméniques. Nous souhaitons également la création d'un Conseil national oecuménique avec la participation de l'Eglise catholique des deux rites et d'autres confessions chrétiennes de Roumanie.

Votre Sainteté,

Les hiérarques et les clercs de l'Eglise orthodoxe roumaine veillent et travaillent à demeurer au service des croyants, hommes et femmes, jeunes et vieillards, en s'appuyant dans leur activité sur l'Evangile de l'amour du Christ. Nous demeurons fidèles au principe de conciliarité, suivant lequel "le gardien de la foi est le Corps de l'Eglise lui-même, c'est-à-dire le peuple lui-même, qui veut que sa foi demeure éternellement inchangée et identique à celle de ses pères", comme l'affirme l'Encyclique des Patriarches orthodoxes de 1848.

En ce qui concerne l'oecuménisme, nous voulons réaliser au sein du mouvement oecuménique notre mission spécifique. D'après ce qui est établi par Dieu et mis en oeuvre par le Saint-Esprit, chaque Eglise locale jouit de charismes spécifiques qui déterminent sa contribution aux efforts que font les chrétiens pour refaire l'unité visible de l'Eglise. La symbiose entre notre langue d'origine latine et la foi orthodoxe qui tient son identité de notre Eglise peut constituer un maillon entre l'Occident et l'Orient. La vocation, le charisme et la responsabilité de l'Eglise orthodoxe de Roumanie et en même temps de l'Eglise orthodoxe universelle ont été de témoigner au long de l'histoire de "la foi donnée aux saints une fois pour toutes" (Jd 3), et de la garder telle qu'elle s'est cristallisée dans la tradition patristique et dans la confession dogmatique des Conciles oecuméniques, reconnus par le consensus de l'Eglise universelle.

Votre Sainteté,

A l'approche du jubilé de l'An 2000, à la charnière du millénaire chrétien, notre Eglise a, comme toutes les Eglises orthodoxes soeurs, conscience de l'importance du témoignage et de l'action de tous les chrétiens pour l'avenir du christianisme et du monde, qui évoluent dans des conditions complexes et sans précédent.

Face au monde, nous estimons que l'Eglise doit mettre en oeuvre sa vocation prophétique par une attitude de rigoureux discernement et de recherche – selon l'exemple des Pères de l'Eglise, particulièrement des Père cappadociens – à l'égard de la culture et de la civilisation de chaque époque. Elle est capable d'assimiler ce qui est constructif pour l'homme et pour la communauté humaine et d'écarter les aspects qui éloignent l'homme du vrai Dieu et de la voie qui le conduirait à s'accomplir dans la plénitude. L'Eglise est attentive aux phénomènes destructeurs qui à notre époque menacent l'humanité entière – l'immoralité, les déséquilibres économiques, les conflits armés, le problème écologique, etc. Elle attire l'attention sur le fait qu'à la racine de tous les maux se trouve l'éloignement de l'homme de Dieu et l'égoïsme exacerbé d'une société humaine de plus en plus sécularisée.

Pour toutes ces raisons, nous sommes conscients que les énergies que l'Eglise a libérées ces dernières années doivent être enracinées dans un travail missionnaire et oecuméniques commun. Notre orthodoxie roumaine, comme d'ailleurs l'entier héritage spirituel de la Roumanie, peut constituer une force inspiratrice pour le maintien de l'enrichissement de l'âme chrétienne de l'Europe.

Nous partageons la conviction que pour être une unité vraie et durable, l'unité de l'Europe doit être d'abord une unité spirituelle : seul l'Evangile du Christ Sauveur peut la proposer. Nous souhaitons présenter à l'Europe nos trésors spirituels spécifiques comme base de l'unité vers laquelle tendent les peuples européens, pour leur bien et pour le bien de l'humanité entière.


(Photo Isabelle Gay)
  Soyez bienvenu parmi nous, évêques, prêtres et fidèles de l'Eglise orthodoxe roumaine et des autres Eglises et communautés religieuses de Roumanie. Le peuple ici présent, les personnalités de la vie publique roumaine présentes dans cette salle, ainsi que les membres du Corps diplomatique vous saluent et vous assurent de leur profonde considération.

Au nom de tous, je vous embrasse avec amour et nous prions tous Dieu de bénir notre rencontre.


 

Le 8 mai 1999 à 18 heures, Sa Sainteté le Pape Jean Paul II était reçu par Sa Béatitude Théoctiste, Patriarche de l'Eglise Orthodoxe de Roumanie, en présence du Saint-Synode, au Palais patriarcal de Bucarest.
Vassula était également présente, en tant qu'invitée officielle du Patriarche.
Voici le discours adressé par le Pape Jean Paul II à Sa Béatitude Théoctiste, Patriarche, aux Métropolites et Evêques du Saint-Synode de l'Eglise Orthodoxe de Roumanie :

Béatitude,
Vénérés Métropolites et Evêques du Saint-Synode de l'Eglise Orthodoxe de Roumanie !


(Photo Isabelle Gay)
  1. Une scène évangélique s'est souvent présentée à mon esprit tandis que je me préparais à cette rencontre si désirée : celle de l'Apôtre André, votre premier évangélisateur, qui, plein d'enthousiasme, se présente à son frère Pierre pour lui annoncer la nouvelle retentissante : "Nous avons trouvé le Messie (ce qui signifie le Christ) !" (Jn 1, 41). Cette découverte changea la vie des deux frères : laissant leurs filets, ils devinrent "pêcheurs d'hommes" (Mt 4, 19) et, après avoir été transformés intérieurement par l'Esprit de la Pentecôte, ils se mirent en chemin sur les routes du monde pour porter à tous l'annonce du salut. Avec eux, d'autres disciples continuèrent le labeur évangélique qu'ils avaient entrepris, invitant les nations au salut et "les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit" (Mt 28, 19).

Béatitude, vénérés Frères dans l'épiscopat, nous sommes les fils de cette évangélisation. Nous aussi, nous avons reçu cette annonce, nous aussi, nous avons été rachetés dans le Christ. Si nous nous rencontrons aujourd'hui, c'est par un dessein de tendresse de la Très Sainte Trinité qui, à la veille du grand Jubilé, a voulu nous accorder, à nous successeurs de ces Apôtres, de faire mémoire de leur rencontre. L'Eglise a grandi et s'est répandue dans le monde; l'Evangile a fécondé les cultures. Ici aussi, dans cette terre de Roumanie, des trésors de sainteté, de fidélité chrétienne, acquise parfois au prix de la vie, ont rendu plus précieux ce temple spirituel qu'est l'Eglise. En ce jour, nous en rendons grâce ensemble à Dieu.

2. L'émotion suscitée par votre visite, Béatitude, à la ville des saints Pierre et Paul, les Coryphées des Apôtres, est toujours vivante en mon esprit. Je garde un souvenir ému de cette rencontre, qui a eu lieu en des temps difficiles pour votre Eglise. C'est moi maintenant, pèlerin de la charité, qui rends hommage à cette terre imprégnée du sang des martyrs anciens et récents, qui "ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l'Agneau" (Ap 7, 14). Je viens à la rencontre d'un peuple qui a accueilli l'Evangile, qui l'a assimilé et l'a défendu des attaques répétées, le considérant maintenant comme partie intégrante de son patrimoine culturel.

Il s'agit d'une culture patiemment élaborée, dans la ligne de l'héritage de la Rome antique, dans une tradition de sainteté qui a pris naissance dans les cellules d'innombrables moines et moniales consacrant leur temps à chanter les louanges de Dieu et à garder les bras levés, comme Moïse, pour la prière, afin que soit gagnée la bataille pacifique de la foi, au bénéfice des populations de cette terre. La message évangélique est ainsi arrivé jusqu'à la table des intellectuels, dont beaucoup ont contribué, par leur charisme, à promouvoir son assimilation par les nouvelles générations roumaines, lancées dans la construction de leur avenir.

Béatitude, je suis venu ici en pèlerin pour dire combien l'Eglise catholique tout entière vous est proche par l'affection, dans l'effort des Evêques, du clergé et des fidèles de l'Eglise orthodoxe roumaine, au moment où un millénaire se termine et où un autre se profile à l'horizon. Je vous suis proche, et c'est avec estime et admiration que je vous soutiens dans le programme de renouveau ecclésial que le Saint-Synode a entrepris dans des domaines aussi essentiels que la formation théologique et catéchétique, pour faire épanouir à nouveau l'âme chrétienne qui ne fait qu'un avec votre histoire. Dans cette œuvre de renouveau bénie de Dieu, sachez, Béatitude, que les catholiques sont aux côtés de leurs frères orthodoxes, par la prière et par leur disponibilité pour toute collaboration utile. L'unique Evangile attend d'être annoncé par tous ensemble, dans l'amour et dans l'estime réciproque. Combien de champs s'ouvrent devant nous pour une tâche qui nous engage tous, dans le respect mutuel et dans le désir partagé d'être utile à l'humanité pour laquelle le Fils de Dieu a offert sa vie ! Le témoignage commun est un puissant moyen d'évangélisation. La division marque au contraire la victoire des ténèbres sur la lumière.

3. Béatitude, tous les deux, dans notre histoire personnelle, nous avons vu les chaînes et fait l'expérience de l'oppression d'une idéologie qui voulait extirper de l'âme de nos peuples la foi dans le Christ Seigneur. Mais les portes de l'enfer n'ont pas prévalu contre l'Eglise, Epouse de l'Agneau. C'est Lui, l'Agneau immolé et glorieux, qui nous a soutenus dans la détresse et qui maintenant nous permet d'entonner le chant de la liberté retrouvée. C'est Lui que l'un de vos théologiens contemporains a appelé "le restaurateur de l'homme", celui qui guérit l'homme malade et le relève après la longue soumission au lourd fardeau de l'esclavage. Après tant d'années de violence, de répression de la liberté, l'Eglise peut verser sur les blessures de l'homme le baume de la grâce et le guérir au nom du Christ en disant, comme Pierre au boiteux : "De l'or ou de l'argent, je n'en ai pas; mais ce que j'ai, je te le donne : au nom de Jésus Christ, le Nazôréen, marche !" (Ac 3, 6). L'Eglise ne se lasse pas d'exhorter, de supplier les hommes et les femmes de notre temps de se mettre debout, de reprendre leur marche vers le Père, de se laisser réconcilier avec Dieu. Telle est la première charité que l'humanité attend de nous : l'annonce évangélique et la renaissance dans les sacrements, qui se prolongent dans le service des frères.

Béatitude, je suis venu contempler le Visage du Christ gravé dans votre Eglise; je suis venu vénérer ce Visage souffrant, gage pour vous d'une espérance renouvelée. Votre Eglise, consciente d'avoir "trouvé le Messie", s'efforce d'amener ses fils et tous les hommes qui cherchent Dieu d'un cœur sincère à le rencontrer; elle le fait par la célébration solennelle de la divine Liturgie et l'action pastorale quotidienne. Cet engagement coïncide avec votre tradition, si riche de figures qui ont su unir une profonde vie dans le Christ avec un généreux service des nécessiteux; un engagement passionné dans l'étude avec un inlassable souci pastoral. Je voudrais rappeler seulement ici le saint moine et évêque Callinicos de Tchernique, si proche du cœur des fidèles de Bucarest.

4. Béatitude, chers frères Evêques, notre rencontre a lieu le jour où la liturgie byzantine célèbre la fête du saint Apôtre et Evangéliste Jean le Théologien. Qui peut mieux que lui, qui fut intensément aimé du Maître, nous communiquer cette vivante expérience d'amour ? C'est cela qui, dans ses lettres, semble être la synthèse de sa vie, le mot qui, dans la vieillesse, quand disparaît ce qui est superflu, lui restait pour marquer son expérience personnelle : "Dieu est Amour". C'est ce qu'il avait contemplé en posant sa tête sur le cœur de Jésus et en levant les yeux sur son côté transpercé, d'où jaillissaient l'eau du Baptême et le Sang de l'Eucharistie. Cette expérience de l'amour de Dieu non seulement nous invite, mais je dirais nous contraint doucement à l'amour, synthèse unique et véritable de la foi chrétienne.

"L'amour prend patience, l'amour rend service, il ne jalouse pas, il ne plastronne pas, il ne s'enfle pas d'orgueil, il ne fait rien de laid, il ne cherche pas son intérêt, il ne s'irrite pas, il n'entretient pas de rancune, il ne se réjouit pas de l'injustice, mais il trouve sa joie dans la vérité. Il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il endure tout" (1 Co 13, 4-7). Ce sont les paroles adressées par l'Apôtre Paul à une communauté tourmentée par des conflits et des tensions; ce sont des paroles valables pour tous les temps. Nous savons bien que ces paroles sont aujourd'hui adressées avant tout à nous. Elles ne servent pas à reprocher à l'autre son erreur mais à démasquer la nôtre, celle de chacun d'entre nous. Nous avons connu des oppositions, des récriminations, des réticences intérieures et des fermetures réciproques. Et pourtant, les uns et les autres, nous sommes témoins que, malgré ces divisions, au moment de la grande épreuve, quand nos Eglises semblaient secouées jusque dans leurs fondements, ici aussi, en cette terre de Roumanie, les martyrs et les confesseurs ont su glorifier le nom de Dieu d'une seul cœur et d'une seule âme. C'est précisément en considérant l'œuvre merveilleuse de l'Esprit, incompréhensible pour la logique humaine, que notre faiblesse trouve sa force et que le cœur retrouve courage et confiance au milieu des difficultés de la situation présente.

5. Je suis heureux que, concrètement, il ait été possible d'instaurer ici, en Roumanie, un dialogue fraternel sur les problèmes qui nous divisent encore. L'Eglise grecque-catholique de Roumanie a subi ces dernières décennies une violente répression, ses droits ont été bafoués et violés. Ses fils ont beaucoup souffert, certains jusqu'au témoignage suprême du sang. La fin de la persécution a rendu la liberté, mais le problème des structures ecclésiales attend encore sa solution définitive. Que le dialogue soit la voie pour guérir les blessures encore ouvertes et pour résoudre les difficultés qui subsistent toujours ! La victoire de la charité sera un exemple non seulement pour les Eglises, mais pour toute la société. Je prie Dieu, Père des miséricordes et source de la paix, pour que l'amour, reçu et donné, soit le signe par lequel les chrétiens sont reconnus comme fidèles à leur Seigneur.


(Photo Isabelle Gay)
  Les Eglises orthodoxes et l'Eglise catholique ont parcouru un long chemin de réconciliation : je veux exprimer à Dieu ma gratitude émue et profonde pour tout ce qui a été accompli, et je veux vous rendre grâce à vous-mêmes, vénérés Frères dans le Christ, pour les efforts que vous avez prodigués sur ce chemin. Le moment n'est-il pas venu maintenant de reprendre résolument la recherche théologique, soutenue par la prière et par la sympathie de tous les fidèles, orthodoxes et catholiques ?

Dieu sait si notre monde, et aussi notre Europe, que nous espérions libérée de luttes fratricides, ont besoin d'un témoignage d'amour fraternel, qui l'emporte sur la haine et les querelles et qui ouvre les cœurs à la réconciliation ! Où sont nos Eglises quand le dialogue se tait et que les armes font entendre leur langage de mort ? Comment éduquer nos fidèles à la logique des béatitudes, si différente de la façon de raisonner des puissants de ce monde ?

Béatitude, chers Frères dans l'épiscopat, redonnons une unité visible à l'Eglise, ou alors ce monde sera privé d'un témoignage que seuls les disciples du Fils de Dieu, mort et ressuscité par amour, peuvent lui offrir pour l'amener à s'ouvrir à la foi (cf. Jn 17, 21). Et qu'est-ce qui peut inciter les hommes d'aujourd'hui à croire en Lui, si nous continuons à déchirer la tunique sans couture de l'Eglise, si nous ne réussissons pas à obtenir de Dieu le miracle de l'unité, en œuvrant pour lever les obstacles qui empêchent sa pleine manifestation ? Qui nous pardonnera ce manque de témoignage ? J'ai cherché l'unité de toutes mes forces, et je continuerai à me dépenser jusqu'à la fin pour qu'elle soit parmi les préoccupations prioritaires des Eglises et de ceux qui les gouvernent par le ministère apostolique.

6. Votre terre est parsemée de monastères. De Saint-Nicodème de Tismana, enfoui dans les montagnes et les forêts, bat le cœur de la prière incessante, de l'invocation du saint Nom de Jésus. Grâce à Paisy Velitchkovsky et à ses disciples, la Moldavie est devenue le centre d'un renouveau monastique qui a rayonné sur les pays voisins à la fin du XVIIIe siècle et par la suite. La vie monastique, qui n'a jamais manqué, même au temps des persécutions, a fourni et fournit encore des personnalités de grande stature spirituelle, autour desquelles a éclos ces dernières années une floraison prometteuse de vocations.

Les couvents, les églises couvertes de fresques, les icônes, les ornements liturgiques, les manuscrits, sont non seulement les joyaux de votre culture mais aussi des témoignages émouvants de foi chrétienne, et d'une foi chrétienne vécue. Ce patrimoine artistique, né de la prière des moines et des moniales, des artisans et des paysans inspirés par la beauté de la liturgie byzantine, constitue une contribution particulièrement significative au dialogue entre l'Orient et l'Occident, ainsi qu'à la renaissance de la fraternité que l'Esprit Saint allume en nous au seuil du nouveau millénaire. Votre terre de Roumanie, entre la latinitas et Byzance, peut devenir terre de rencontre et de communion. Elle est traversée par le Danube majestueux, qui baigne des régions de l'Orient et de l'Occident : que la Roumanie sache, comme ce fleuve, tisser des relations d'entente et de communion entre peuples divers, contribuant ainsi à affermir en Europe et dans le monde la civilisation de l'amour !

7. Béatitude, chers Pères du Saint-Synode, peu de jours nous séparent désormais du début du troisième millénaire de l'ère chrétienne. Les hommes ont les yeux fixés sur nous, dans l'attente. Ils tendent l'oreille pour entendre de nous, de notre vie plus encore que de nos paroles, l'annonce antique : "Nous avons trouvé le Messie". Ils veulent voir si nous sommes capables, nous aussi, de laisser les filets de notre orgueil et de nos peurs pour "annoncer l'année de grâce du Seigneur."

Nous franchirons ce seuil avec nos martyrs, avec tous ceux qui ont donné leur vie pour la foi : orthodoxes, catholiques, anglicans, protestants. Depuis toujours, le sang des martyrs est une semence qui donne naissance à de nouveaux fidèles du Christ. Mais pour ce faire, nous devons mourir à nous-mêmes et ensevelir le vieil homme dans les eaux de la régénération, et ressusciter comme créatures nouvelles. Nous ne pouvons décevoir l'appel du Christ et les attentes du monde, ni manquer d'unir nos voix pour que retentisse davantage pour les nouvelles générations la parole éternelle du Christ.


(Photo Isabelle Gay)
  Merci d'avoir voulu être la première Eglise orthodoxe à inviter dans son pays le Pape de Rome; merci de m'avoir donné la joie de cette rencontre fraternelle; merci pour le don de ce pèlerinage, qui m'a permis de raffermir ma foi au contact de la foi de fervents frères dans le Christ !

"Venez, marchons ensemble dans la lumière du Seigneur !" A Lui soit la gloire pour les siècles des siècles ! Amen.


 

Homélie de Sa Béatitude Théoctiste, Patriarche de Roumanie lors de la célébration de la Divine Liturgie en présence de Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II, au Parc de l'Union, à Bucarest, le matin du 9 mai 1999 :

Votre Sainteté,
Chers frères,

Le Christ est ressuscité !

Par la grâce de Dieu glorifié dans la Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, nous éprouvons aujourd'hui une indicible joie. Nos Eglises ici présentes offrent au monde l'avant-goût et l'image de l'Eglise indivise. Quel don divin et quelle bénédiction de vivre, nous l'Eglise orthodoxe de Roumanie, en cette fin du millénaire de la séparation des Eglises, la joie de ces instants !

C'est un moment saint, Votre Sainteté, ce moment où nous, les ministres des deux Eglises, nous trouvons ensemble, devant l'histoire passée et l'histoire future, devant Dieu et devant les hommes.

 
(Photo Isabelle Gay)

Aussi est-il naturel, je pense, que nous affirmions ensemble, pour ceux qui portent en ce moment des yeux attentifs sur nous, le témoignage fondamental de l'Eglise devant le monde . le Christ est "la Voie, la Vérité et la Vie" (Jn 14,6) et par Sa mort et Sa Résurrection, Il nous a ouvert la perspective d'une existence terrestre authentique et l'éternité dans le Royaume de Dieu. Tel est le message que nous annonçons, "de bouche et de coeur", comme l'ont annoncé les Apôtres du Sauveur, les grands Pères et Docteurs de l'Eglise d'Orient et d'Occident, les martyrs, les saints et les bienheureux chrétiens de tous les temps.

Bien-aimés frères,

La vérité qui est à la base de l'Eglise et de sa prédication est que le Christ a vaincu la mort, que le Christ est ressuscité des morts en vainquant la mort par la mort et qu'Il nous a donné, par sa mort, la vie éternelle.

Telle est la confession de foi que l'Eglise chrétienne proclame au monde depuis bientôt deux mille ans. Sur la foi en la Résurrection, prêchée par les Apôtres témoins du Ressuscité, s'est édifiée l'Eglise du Christ. "Si le Christ n'est pas ressuscité, vaine est alors notre prédication et vaine notre foi" (1 Co 15,14) affirmons-nous, nous aussi, avec le saint Apôtre Paul.

"Le Christ est ressuscité !", annonce l'Eglise. "En vérité, Il est ressuscité !", répondent ceux qui croient dans le fait de la Résurrection et qui, par le repentir et par l'amour, meurent au péché et ressuscitent en Christ, en tant qu'êtres humains nouveaux, promis à la vie plénière ici et dans le Ciel.

Votre Sainteté, chers frères dans le Christ Seigneur,

Devant tous les problèmes auxquels est confrontée l'humanité aujourd'hui – et qui ne sont pas de petite importance – nous croyons que l'Eglise ne doit pas oublier sa vocation spécifique, sa contribution substantielle et irremplaçable dans la vie de l'humanité. L'Eglise est appelée, avant tout, à sanctifier l'être humain et l'entière création, à faire communier le monde au Christ, le Fils de Dieu, le Ressuscité, pour que le monde obtienne la vie authentique, la vie éternelle avec le Père et l'Esprit Saint.

L'Evangile de ce dimanche, celui de la Samaritaine, montre ce qu'est et comment s'obtient la vie véritable, incorruptible et éternelle. Apparemment, l'homme d'aujourd'hui oublie souvent cette vie, accablé par les soucis, les souffrances ou les joies de cette vie transitoire. Il l'oublie, surtout, parce qu'il ne connaît pas, parce qu'il n'est pas aidé suffisamment ou parce qu'il ne veut pas savoir qui est vraiment le Christ. "Si tu connaissais le don de Dieu et qui est Celui qui te dit : Donne-moi à boire, dit le Sauveur à la Samaritaine, c'est toi qui aurais demandé et Il t'aurait donné de l'eau vive... celui qui boira de l'eau que Je lui donnerai n'aura plus jamais soif ; mais, l'eau que Je lui donnerai deviendra en lui une source d'eau jaillissant en vie éternelle" (Jn 4, 10-14).


Divine Liturgie au Parc de l'Union, dimanche 9 mai 1999
  Il existe donc une eau plus précieuse que celle qui coule des profondeurs de la terre. Il existe également un pain plus précieux que celui de tous les jours. C'est le pain descendu du ciel, le Christ Sauveur, qui s'offre dans la divine liturgie en nourriture pour la vie du monde, comme Lui-même nous l'a promis : "Je suis le pain de vie. Celui qui mange de ce pain vivra à jamais. Or, le pain que Je vous donnerai pour la vie du monde est mon Corps" (Jn 6, 51).

L'Evangile et l'Eglise invitent de façon ultime et essentielle l'être humain à obtenir la vie immortelle et à mener seulement alors, comme une conséquence, le combat pour une vie meilleure sur terre, pour la paix du monde, pour l'efficacité économique, scientifique, etc. L'oeuvre irremplaçable de l'Eglise commence au moment où dans la sainte liturgie nous sommes appelés à "élever nos coeurs !"

Si le pain, la nourriture matérielle, l'apaisement des souffrances et l'amélioration des conditions de vie peuvent être offerts également par des institutions humaines, seule l'Eglise peut communiquer Dieu et la nourriture céleste pour la vie immortelle.

Certes, l'Eglise n'abandonne pas cette vie, ni le monde, ni l'histoire ; elle n'abandonne pas l'homme ni ses besoins matériels. C'est pour l'homme qu'est mort le Christ. L'Eglise leur donne, toutefois, une valeur dans la perspective de la vie immortelle, une valeur beaucoup plus grande que celle qu'ils ont en eux-mêmes, leur valeur véritable. L'Eglise nous appelle à redécouvrir la hiérarchie naturelle dans les aspirations humaines, mettant en premier la quête humaine du ciel, de Dieu : "Cherchez d'abord le Royaume de Dieu et sa justice et tout le reste vous sera donné par surcroît" (Mt 6, 33), dit le Christ en terminant son enseignement sur la préoccupation humaine de chaque jour.

Beaucoup de nos contemporains souhaitent que l'Eglise soit plus présente dans la vie publique. Quelques-uns oublient que l'Eglise a été et est toujours concentrée, avant tout, sur son oeuvre de sanctification du monde. De cette oeuvre spécifique découle ensuite également une présence plus évidente sur le plan extérieur et social. Nous avons la conviction que, étant d'abord ramené à Dieu, l'homme obtient la paix intérieure d'où découlent le souci du prochain, l'intérêt pour la vie quotidienne de la cité et de ses habitants.

La vocation sacramentelle de l'Eglise, le désir de Dieu, le sens de la hiérarchie des vraies valeurs et de la vie véritable nous ont été montrés abondamment par nos fidèles qui, en une période de cruelle pauvreté, ont utilisé le grand don de la liberté – à de rares et regrettables exceptions près – non pour construire leur propre maison, mais pour construire en premier la maison de Dieu. Ces dernières années, Votre Sainteté, ce peuple a construit des centaines d'églises.

En un temps où l'on nous dit souvent que nous sommes trop pauvres pour construire des églises, le peuple nous montre, une fois de plus, que les églises ne se construisent pas avec de l'argent, mais surtout avec l'amour pour Dieu et l'esprit de sacrifice. C'est une leçon pour nous tous, pour les petits et pour les grands qu'il faut commencer tout avec Dieu, car Dieu est la source de tout bien et de toute perfection.

Cet élan sacré des Roumains pour dresser des autels pour la célébration, nous donne à nous aussi une impulsion inappréciable pour reprendre le projet ancien de construire une Cathédrale, symbole de notre peuple. Et voici qu'aujourd'hui, a lieu la première célébration de la divine Liturgie à l'endroit où, si Dieu le veut, va être construite la Cathédrale pour la gloire du Christ et le bien de cette nation.

Votre Sainteté, chers frères,

Au seuil du troisième millénaire, le message que l'Eglise adresse au monde ne peut être que celui-ci : le Christ ressuscité communique au monde dans l'Eglise l'héritage de la vie véritable.

Nous croyons que les Eglises chrétiennes doivent réunir leurs forces dispersées et les concentrer dans l'oeuvre de sanctification de l'homme et du monde. Rendons le Christ au monde ! Que pouvons-nous offrir au monde de plus précieux que Dieu lui-même ?

 
(Photo Isabelle Gay)

Le monde d'aujourd'hui a besoin, plus que tout, de Dieu et de la grâce des saints de Dieu, car nous constatons avec douleur que beaucoup de nos semblables ont perdu la conscience du sens de leur vie. Ils semblent prisonniers de la terre et incapables de lever leur regard vers le ciel, pour découvrir leur vrai statut, celui de l'homme créé à l'image de Dieu pour atteindre la ressemblance avec lui.

En regardant le passé, comme l'état actuel du monde, les chrétiens doivent reconnaître, dans un esprit de repentir évangélique, leur responsabilité pour l'égarement d'un grand nombre, pour les échecs, les souffrances et les égarements qu'ils ont provoqués dans le monde au cours des siècles, par leurs péchés.

Votre Sainteté,

Nous vous remercions fraternellement, au nom de l'Eglise orthodoxe roumaine, pour votre présence à la divine liturgie orthodoxe, que vous appréciez tellement dans votre lettre pastorale Orientale Lumen et nous demandons au Dieu de Bonté qu'Il vous accorde la santé. Nous vous prions d'élever avec nous des prières au Dieu Tout-Puissant pour la paix du monde entier, pour l'arrêt de la guerre en Yougoslavie, pour l'apaisement des souffrances et pour le retour du monde vers Dieu, à qui reviennent gloire, honneur et louange dans les siècles. Amen !


Divine Liturgie au Parc de l'Union, dimanche 9 mai 1999
(Photo Isabelle Gay)


Père,
le temps est venu
où le règne de la division
appelle à la Paix et à l'Unité ;

le temps est venu
où le Corps blessé de Ton Fils
appelle à la Droiture,
celle que le monde n'a pas encore connue ;

mais par le Coeur Immaculé de Marie
et le Coeur Sacré de Jésus,
donne-nous, Père Adoré,
cette Paix dans nos coeurs,
et accomplis les Ecritures
en exauçant la Prière
que T'adresse Ton Fils Bien-Aimé :

que nous soyons tous un,
un dans la Divine Sainte Trinité
afin que nous T'adorions et Te louions tous
autour d'un seul Tabernacle.

Amen.

(La Vraie Vie en Dieu, 25.03.91)

 

 

ç RETOUR A LA PAGE PRECEDENTE
Mise en page : 99-05-27 21:30
Association La vraie vie en Dieu - Suisse
tlig-ch@tlig.org

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 1. Par un châtiment (note de Vassula).

 2. Le Christ S'adresse directement à eux (note de Vassula).

 3. Le Christ entend par là : lors de la Messe, après la Consécration, à l'Elévation de Son Corps et de Son Sang (note de Vassula).

 4. J'ai compris que le Christ Se réfère à tous Ses messages sur l'Unité, qui nous appellent tous à unifier les dates de Pâques. Faute de mieux, cela satisferait Sa Soif de l'Unité. Le Christ a promis que si nous unissions les dates de Pâques, Lui ferait le reste (note de Vassula).

 5. Le frère d'Occident (note de Vassula).

 6. Dans une vision intérieure, j'ai vu sur le toit d'une église deux ou trois hommes luttant pour remettre une lourde croix à sa place (note de Vassula).

 7. Le 29 novembre 1989, un mois avant les événements de Roumanie, Jésus et notre Sainte Mère ont donné un Message de Noël pour la réunion de prière du 22 décembre 1989. Le Message de notre Sainte Mère faisait allusion à la libération de la Roumanie (note de Vassula).

 8. Le Seigneur désigne ici les Catholiques romains (note de Vassula).

 9. Les portes des coeurs de la nation roumaine (note de Vassula).

 10. Jésus S'adresse à la Roumanie (note de Vassula).